Radio

RDC : l’inspection territoriale et la gestion problématique de la rétrocession étatique

Les entités territoriales décentralisées (ETD) de la République Démocratique du Congo, notamment les secteurs, font face à des défis structurels et financiers majeurs. Ces entités, censées offrir des services publics de base à leurs administrés, peinent à répondre à leurs obligations en raison d’une mauvaise gestion et d’un financement limité. En tant qu’entités décentralisées, les […]

Les entités territoriales décentralisées (ETD) de la République Démocratique du Congo, notamment les secteurs, font face à des défis structurels et financiers majeurs. Ces entités, censées offrir des services publics de base à leurs administrés, peinent à répondre à leurs obligations en raison d’une mauvaise gestion et d’un financement limité.

En tant qu’entités décentralisées, les secteurs ont le droit de mobiliser certaines taxes et ressources pour leur fonctionnement et leur développement. Cependant, la plupart des chefs de ces entités sont nommés non pour leur compétence, mais pour des raisons politiques. Nombre d’entre eux ignorent même les sources de revenus légales que leur entité peut exploiter, ce qui conduit à une gestion désastreuse. En conséquence, les secteurs peinent à financer leurs activités, ne serait-ce que pour acquérir du matériel de base ou entretenir leurs infrastructures.

Pour pallier ces lacunes, le gouvernement central verse périodiquement une rétrocession aux ETD. Pour la récente rétrocession, chaque secteur a reçu 6.000.000 CDF (environ 2.105 USD, au taux de 2850 CDF/USD), répartis entre 40 % pour le fonctionnement et 60 % pour l’investissement.

Malgré cette aide, la situation sur le terrain reste désastreuse. Une descente dans plusieurs secteurs du Kongo Central a révélé des bâtiments administratifs en ruine, des routes impraticables, et du mobilier de bureau vétuste. Ce constat met en lumière une gestion défaillante et parfois frauduleuse de ces fonds.

Des exemples récents montrent à quel point la mauvaise gestion et les détournements gangrènent ces entités. Dans le secteur de Ngeba, territoire de Madimba, la société civile a intenté une action en justice au Tribunal de Grande Instance d’Inkisi, dénonçant un détournement de 21 millions CDF destinés à la construction de sources d’eau potable. Cette affaire, survenue en novembre 2023, illustre un problème systémique où les fonds alloués pour des projets cruciaux sont siphonnés sans conséquences notables pour les responsables.

Le ministère de l’Intérieur et de la Décentralisation dispose d’un corps d’inspecteurs territoriaux chargés de surveiller l’utilisation des fonds de rétrocession. Cependant, leur rôle est largement inefficace. Depuis la création de ce corps, aucun changement notable n’a été observé dans la gestion des ETD. Beaucoup accusent ces inspecteurs de complicité tacite dans les détournements, aggravant la crise de gouvernance à la base.

Pour sortir de ce cercle vicieux, plusieurs mesures doivent être envisagées notamment la nomination basée sur le mérite, la transparence financière, le renforcement du contrôle et la participation citoyenne.

Ilain Lumbala

Articles similaires

Boma : regain d’insécurité au quartier Kimbangu, au moins cinq maisons attaquées

Après une période d’accalmie, l’insécurité refait surface dans la ville de Boma, au Kongo Central. Dans la nuit de mercredi à jeudi, entre 2 h et 3 h du matin, plusieurs avenues du quartier Kimbangu, situé dans la commune de Kalamu, ont été la cible d’attaques orchestrées par des bandits armés.

Kongo Central : la population de Boma sensibilisée contre la drépanocytose

À l’occasion de la Journée mondiale de lutte contre la drépanocytose, célébrée ce jeudi 19 juin, la salle des réunions de la mairie de Boma a servi de cadre à une importante rencontre réunissant de nombreux participants pour la sensibiliser la population bomatracienne à cette maladie héréditaire.

RDC : l’ambassadeur de France Rémi Maréchaux visite le projet AVENIR à Mbanza-Ngungu

De retour à Kinshasa après une mission dans la province du Kongo Central, l’ambassadeur de France en République démocratique du Congo, Rémi Maréchaux, accompagné de la représentante pays de l’Agence Française de Développement (AFD) en RDC, Sofia Ibrahim, a effectué, mercredi 18 juin, une visite à l’antenne du projet AVENIR à Mbanza-Ngungu.

Kongo Central : mise en place du comité de suivi du projet PADCV-PTA

Un comité de suivi a été mis en place pour assurer la mise en œuvre du Projet d’appui au développement des chaînes de valeur en soutien au Programme de transformation de l’agriculture (PADCV-PTA-2) en République Démocratique du Congo. L’installation de ce comité a eu lieu, mardi 17 juin, à Matadi, lors du pré-lancement du projet présidé par Fiston Lubaki, ministre provincial en charge de l’Agriculture.

Mbanza-Ngungu : le projet AVENIR dote 25 motos à ses partenaires de mise en œuvre

Le projet « Autonomisation par la Valorisation de l’Entrepreneuriat Agricole et Rural (AVENIR) », sensible à la nutrition, inclusif et résilient, a remis, ce lundi 16 juin, 25 motos Yamaha 125 à ses partenaires de mise en œuvre dans le Kongo Central. La cérémonie s’est tenue à Mbanza-Ngungu, en présence de l’administrateur du territoire, des responsables du projet et des bénéficiaires.

Matadi : tenue d’un atelier de formation pour sécuriser les droits fonciers communautaires par le Système d’Information Foncière (SIF)

Une session de formation des formateurs et des acteurs provinciaux s’est tenue vendredi 13 juin à Matadi dans le cadre du projet d’expérimentation du Système d’Information Foncière (SIF). Un projet porté conjointement par la Commission Nationale de la Réforme Foncière (CONAREF), le Centre de Technologies Innovatrices et de Développement Durable (CTIDD) et appuyée techniquement et financièrement par la Rights and Resources Initiative (RRI). Il vise à sécuriser les droits fonciers communautaires dans trois groupements du secteur Bundi, territoire de Seke-Banza, dans la province du Kongo Central.