La première phase, qui se déroule à Matadi du 9 au 30 juin, prévoit un programme de formations dirigées par des professionnels de renom. En tête d’affiche : Nelson Makengo, cinéaste primé au FESPACO 2025, originaire du Kongo Central. Cette confirmation a été faite par Ephraïm Buyikana, cinéaste, entrepreneur culturel et initiateur du projet Ciné Safari, lors d’une interview accordée à Kongo Média.
« Ciné Safari, c’est un projet qui vise l’expansion du cinéma en milieu rural et périurbain, par des projections itinérantes et des formations aux métiers du cinéma. Nelson Makengo va animer l’atelier de formation sur ‘Comment réussir son premier film’. C’est une occasion pour tous les jeunes qui aspirent à devenir cinéastes de participer et d’apprendre des meilleurs », a expliqué Ephraim Buyikana.

Les ateliers couvriront des thématiques variées : écriture scénaristique, réalisation, montage, direction photo, maquillage FX, etc. L’objectif est de former, en 35 jours, des jeunes talents capables de produire leur premier film à la fin du cycle.
Pourquoi Matadi comme point de départ ?
Le choix de commencer par la ville portuaire de Matadi n’est pas anodin. C’est un retour aux sources de l’histoire congolaise et un acte symbolique fort. « Le Congo a commencé ici, dans la province du Kongo Central. Matadi regorge de vestiges et a une histoire particulière. C’est pourquoi nous avons choisi d’y lancer Ciné Safari », affirme-t-il.
Ephraim Buyikana a fait savoir que ‘‘Ciné Safari’’ veut rompre avec les récits uniformisés et permettre l’émergence de films authentiques, racontés par et pour les Kongo. L’un des piliers du projet, c’est aussi la valorisation des langues locales telles que le Kikongo, le Yombe, le Ndibu ou le Tandu.
« On veut voir des films très bien faits, mais où on parle avec Tandu, avec Kikongo. On veut sortir de l’ordinaire et valoriser nos dialectes. On ne sent pas toujours l’âme de chaque contrée dans les films congolais. Nous voulons créer un nouveau narratif, propre à chaque région », a-t-il insisté.
Un projet accessible et durable
La participation est ouverte à tous, sans conditions, moyennant un coût abordable de 55 dollars (5 dollars d’inscription et 50 dollars pour la formation). Il ne s’agit pas d’un événement isolé, mais d’un programme durable partout au pays. « Ce n’est pas un projet à one shot. Ciné Safari, c’est un projet pérenne. Nous reviendrons à Matadi, puis irons à Muanda, Kisangani, Kolwezi… L’idée est de former des spécialistes dans chaque domaine du cinéma », explique l’initiateur et chef de projet.

En marge des formations, plusieurs projections de films sont prévues chaque week-end à l’Alliance française de Matadi, notamment le 15, 21, 22, 28 juin. Une grande surprise artistique avec des comédiens est annoncée pour le 30 juin, jour symbolique de l’indépendance de la RDC. « Les films qui seront réalisés seront proposés dans des festivals à travers le monde. On veut que le public sente un film du début à la fin, même s’il est en Kikongo, avec des sous-titres en français ou anglais. »
Pour les organisateurs, la population doit s’approprier du projet pour faire rayonner la culture Kongo à travers le cinéma. « Ce projet est le vôtre », lance-t-il. « Ciné Safari, c’est un projet ambitieux et innovant. Il vise à valoriser notre culture, nos histoires et à créer une nouvelle génération de conteurs d’ici. J’invite toute la population du Congo Central à s’approprier ce projet », a-t-il conclu.