Avec ses deux ports, la ville de Matadi connaît un accroissement des activités économiques. L’économie du chef-lieu de la province du Kongo Central est largement dominée par les activités portuaires. Le marché des biens importés de seconde main communément appelé « Bilokos » contribue énormément à la vie socioéconomique de la population de cette ville.
En dehors de l’emploi qu’il procure chez les jeunes surtout chez les femmes, le Bilokos permet également au citoyen lambda de se procurer des produits manufacturés à l’instar des ustensiles de cuisine, appareils électroménagers, instruments de travail, meubles usuels, pièces de rechange, voitures, pneus, pièce de rechange et autres provenant pour la plupart de l’Europe, de l’Amérique du Nord et même de l’Asie à un prix réduit comparativement au marché régulier des magasins détenus par les expatriés indo-pakistanais et chinois.
Le marché Bilokos en plein essor, source des embouteillages
Depuis la fermeture des frontières entre la RDC et l’Angola à la suite de la pandémie du Covid-19, la ville de Matadi a connu une baisse sensible des activités comme pour la plupart des économies mondiales. Les congolais de la diaspora même les commerçants congolais ont eu du mal à se déplacer. Plusieurs marchandises étaient bloquées à l’étranger.
Cependant, après l’ouverture des frontières, l’activité économique de Matadi a été boostée. Tous les commerçants, disons tous ceux qui détenaient des marchandises étaient censés libérés leur marchandise.
Impossible de sillonner la ville sans apercevoir un marché pirate ou un entrepôt de Bilokos. Sur la place « Bercy », jadis considéré comme le centre de négoce des produits en provenance de l’étranger, aujourd’hui une accalmie est observée, on sent une timide activité. Le même constat fait au centre-ville entre l’hôtel du gouvernorat et l’entrée du Port international de Matadi. Cela ne veut pas dire que ce marché disparait, mais plutôt les commerçants se ruent actuellement sur la grande route de Kinkanda où l’activité de « Bilokos » est prolifique.
En pleine journée, la principale route Kinkanda est inondée des produits de Bilokos. Sur le long de la route on aperçoit des produits étalés ici et là. Une activité bénéfique et lucrative mais qui handicape énormément les usagers de cette route. Au-delà des avantages qu’il procure, la prolifération des marchés pirates de Bilokos est à la base des embouteillages.
Jadis, on pouvait constater les embouteillages pendant les heures de pointe (le matin, à midi et le soir), ce qui n’est plus le cas. Les commerçants étalent leurs marchandises sur le long de la chaussée rendant la circulation difficile. Le trottoir est de fois utilisé pour présenter les produits et les piétons sont dans l’obligation de se frayer difficilement le chemin.
Cela est remarquable sur le tronçon compris entre le rond-point M’zee (Ex 24 novembre) au rond-point de Radio Télévision Nationale Congolaise en passant par la place dite « Paradoxe 1 » (Ex RTM), entrée de l’avenue Muamba Kalala (Paradoxe 2), entrée Safari (Kin Marché) et entrée Dorcas (croisement avenues Muaka Makoso et Kinkanda). Mais également l’un des points infernal c’est le tronçon entrée Dorcas jusqu’au rond-point Kinkanda.
Une situation qui perturbe le travail des chauffeurs taxi : « Pendant la journée c’est très difficile que je travaille sur cette ligne. C’est un manque à gagner pour moi. Une course de quatre clients qui te procure seulement 2.000 franc congolais (soit 1$) peut te prendre 1 heure voire 2 heures », s’est exprimé un chauffeur Taxi.
Saturation du quartier ville-haute (Kinkanda)
Au quartier ville-haute dans la commune de Matadi, une saturation sans précédent du mouvement des biens et personnes est fort remarquable. En cause, les routes étroites et l’absence des voies secondaires constituent un goulot d’étranglement dans cette partie de la ville portuaire, la route Kinkanda en est la parfaite illustration.
Outre, la présence des ports dans la province, une explosion est aussi liée à la structure économique du pays héritée de la colonisation privilégie le négoce et non la transformation.
L’autorité urbaine censée d’agir
Nul doute que la montée du commerce informel de Bilokos n’est pas inaperçue par l’autorité urbaine de la ville. Sa présence est remarquable dans la perception de plusieurs taxes. Déjà au niveau de l’importation, les commerçants payent une taxe de débarquement de 20$ pour un container de 20 pieds et 40$ pour celui de 40 pieds. Une somme également est payée pour le déchargement.
Plusieurs observateurs estiment que si c’est commerçants s’acquittent de différentes taxes, il importe aux autorités de réfléchir sur l’aménagement d’un marché approprié pour laisser la route très fluide.
A ce sujet, plusieurs commerçants ont témoigné avoir payé à la mairie pour étaler leur marchandise sur le trottoir : « Si la mairie n’est pas au courant, tu ne pourras pas vendre ici. Les agents passent tous les jours », témoigne un vendeur des jouets pour enfants. Il importe à l’autorité locale voire povinciale d’agir car ce commerce contribue pleinement au trésor public, à travers le paiement des impôts auxquels les commerçants sont assujettis.
Au regard de tout, le marché de Bilokos est une bonne affaire pour les propriétaires des maisons commerciales. Les bailleurs préfèrent donner des locaux aux vendeurs des Bilokos qu’aux commerçants d’autres secteurs. Le payement ne se fait plus mensuellement plutôt journalièrement. La location d’un magasin au prix le plus bas coûte 30$ par jour.
Reagan Nsiese