Les perturbations climatiques poussent ses membres à s’engager à la sensibilisation de toutes les couches sociales à la sauvegarde de l’environnement, notre maison commune. Le Centre de Formation en Techniques Agro écologiques, (CFTA – ONG-D) fait le pari d’une démarche écoresponsable.
Le Directeur de N’to Ye Nkunku – CFTA en la personne de Monsieur KEMBELA KASIDIMOKO a rappelé ses grands axes d’intervention, à savoir : (1) Soutenir les coopératives agricoles à développer une agriculture durable (agroforesterie, agroécologie) ; (2) Encourager l’attitude écoresponsable (gestion des déchets, assainissement des lieux publics et réaménagement ou construction des points d’eau) ; (3) Approvisionner en produits agricoles les milieux carcéraux et les semi – internats des lieux d’accès difficiles ; (4) Cultiver des champs d’expérimentation et Animer des conférences, des séminaires – ateliers pour vulgariser les connaissances.
Voilà pourquoi nous avons rencontré Monsieur Don Béni NSIMBA LUKAU, Technicien Écologiste au sein de cet organisme pour nous parler des bienfaits environnementaux des bambous.
Bonjour Monsieur Don Béni ! Pouvez – vous vous présenter à celles et ceux qui ne vous connaissent pas ?
Je suis M. Don Béni NSIMBA LUKAU, habitant Kinshasa, la capitale de la RDC. De ma formation, je suis gradué en Biologie générale et licencié en écologie et en gestion des ressources végétales de l’Université Pédagogique Nationale. Coauteur principal de l’article « environemental impact of kinshasa technical waste landfill center on de flora of Mpasa » publié sur international journal of Science and Research Archive IJSRA en sigle, actuellement technicien dans la structure dénommée N’TO YE NKUNKU – Centre de Formation en Techniques Agroécologiques.
Aujourd’hui vous évoluez dans une structure dénommée N’TO YE NKUNKU – Centre de Formation en Techniques Agroécologiques, dites – nous en quoi consiste votre travail ?
Dans cette structure, notre travail consiste à :
· Dénicher les problèmes environnementaux ou mieux écologiques qui rongent les écosystèmes ou les espaces dans notre zone d’action qui est le territoire de SONGOLOLO, dans la province du Kongo Central, bastion réputée agricole ;
· Évaluer les impacts de ces problèmes ;
· Proposer les solutions adéquates, simples mais efficaces et utilisables par tous ;
· Proposer les techniques communicationnelles de sensibilisation séduisantes pour faire passer nos messages à toutes les couches sociales.
Vous avez tout récemment lancé le projet « Sauvons nos écosystèmes avec les bambous ». C’est vous qui pilotez le projet. Quel message voulez – vous faire passer exactement ?
Avec le projet « Sauvons nos écosystèmes avec les bambous », nous cherchons à faire face aux différentes têtes d’érosions ciblées qui dégradent déjà nos espaces. Nous voulons, en outre, faire comprendre au commun de mortels que les questions environnementales nous concernent tous et que nous pouvons y faire face avec les moyens simples. Exemple qu’avec les bambous nous pouvons efficacement et rapidement lutter contre les érosions.
Pour ne parler que de la Province du Kongo – Central, nous observons de têtes d’érosions un peu partout, il y a – t -il un lien avec le réchauffement climatique ?
Les érosions ont un lien avec le réchauffement climatique car nous voyons les ravins qui en résultent engloutir les différentes espèces des végétaux qui se voient privées de leur fonction photosynthétique grâce à laquelle elle fournissent de l’oxygène(O2) dans la nature et y récupérer le principal gaz à effet de serre, responsable du réchauffement climatique, notamment le CO2.
Signalons également que les végétaux abattus par ces érosions réémettent, lors de leur décomposition, les mêmes gaz séquestrés de leur vivant au lieu d’être solution, ils deviennent sources de problème.
Nous signalons en outre qu’après un constat amer, les ravins résultant des érosions servent de décharges publiques alors que les déchets qui y sont déversés constituent une autre source d’émission des gaz à effet de serre comme le méthanes (CH4), le dioxyde de carbone (CO2), le sulfure d’hydrogène(H2S) et autres qui participent très activement dans la destruction de la couche d’ozone(O3).
C’est quoi le réchauffement climatique pour nous qui ne comprenons pas ce concept un peu scientifique ?
Quant au réchauffement climatique, nous pouvons le définir d’une manière simple comme un phénomène global de la transformation du climat caractérisé par l’augmentation de la température sur la terre.
Vous dites donc que les bambous peuvent sauver nos écosystèmes, que comptez – vous faire concrètement pour préserver notre environnement ?
Pour concrétiser nos ambitions comme signalé ci haut, nous comptons planter les bambous dans les têtes d’érosion qui menacent déjà nos espaces de sol pour stopper leur évolution dans le but de sauver efficacement nos écosystèmes terrestres avec des moyens simples mais efficaces et utilisables par tous. Nous comptons également, servant d’exemple, inculquer les notions de prise en charge aux problèmes environnementaux dans le chef de nos populations (toutes les couches confondues).
Que peut – on comprendre d’un écosystème et d’une érosion, en termes clairs ?
En des termes clairs, un écosystème est l’ensemble des communautés d’êtres vivants (biocénose) intégré dans un milieu de vie bien défini (biotope)
Pourquoi le choix des bambous au lieu d’autres anti – érosifs ?
Le choix du bambou comme anti – érosif est motivé par ses différentes vertus écologiques et autres avantages qu’il nous présente :
· Ses diaspores ou boutures sont faciles à trouver dans notre contrée. Raison de disponibilité ;
· C’est une plante moins exigeante, qui s’adaptent facilement aux diverses conditions environnementales, édaphiques et climatiques. D’ailleurs, elle est dite une plante chameau qui n’exige pas beaucoup d’eau. Raison de tolérance écologique ;
· Du fait qu’il ne serve pas à la fabrication des charbons de bois (makala) contrairement aux plantes ligneuses, qu’il soit moins préféré comme aliment,… le bambou est moins sollicité dans notre contrée. Sa destruction massive n’est pas à craindre ;
· Au cas où il est quand même menacé, sa régénérescence est facile et rapide. Raison de résistance ;
· Il se propage facilement et rapidement et peut peupler les grands espaces en peu de temps, ainsi permettre d’atteindre si rapidement les objectifs. Il a une grande valence écologique ;
· Brise vent, par excellence, le bambou peut résister aux violents coups de tempête grâce à sa flexibilité.
· Sa croissance est très rapide, contrairement aux autres plantes qui prennent du temps pour atteindre le climat. D’ailleurs certaines espèces comme le Phyllostochys edulis voit ses pousses grandir jusqu’à 1m en une journée ;
· Son système horizontal des racines fait de cette magique plante un excellent protecteur du sol, un bon filtre des eaux usées et un efficace bio épurateur du sol en y extrayant les métaux lourds ;
· Grace à sa partie photosynthétique développée (feuilles et tiges vertes), le bambou fourni dans la nature une importante quantité d’oxygène et séquestre énormément du CO2, 3 à 5 fois plus que les autres plantes.
Quelles sont les dispositions prises pour garantir la poussée – la germination – pendant la période sèche ?
N’étant pas trop exigeant et sur notre sol déjà fertile, la culture des bambous n’est pas trop stressante pour la réussir. Toutefois, une impressionnante équipe de suivi est mise en place pour garantir la poussée de nos plantes, même pendant la période de précarité édaphique, en saison sèche par exemple.
Description botanique : Le bambou est une plante monocotylédone, appartenant à la famille des poaceae (graminée), dans la sous-famille des bambousoideae. Le bambou a une tige souterraine, appelée rhizome, il a des racines adventives ; ses feuilles sont gainées avec ligule au sommet; le pétiole est court et le limbe très allongé à nervures parallèles. La feuille de bambou est donc découpée. N’étant pas un arbre, le bambou na pas des branches.
Ces activités ne concernent que le Territoire de Songololo ?
Après Songololo qui est notre zone expérimentale, nous comptons étendre ces activités sur toute l’étendue de la province du Kongo – Central, voir sur toute l’étendue de la RDC. Nous pouvons être d’une manière ou d’une autre représentés ou remplacés par ceux que nous formons et qui copient nos attitudes pour les reproduire fidèlement dans les coins et recoins du pays. Voilà d’ailleurs, la raison de notre souci de sensibiliser davantage toutes les couches sociales de nos populations.
Quelles sont les causes et les conséquences d’une érosion – un ravin ?
Les causes des érosions sont soit naturelles, mais plus anthropiques : La déforestation ; Les travaux champêtres ; La désertification ; Les feux de brousse. Les érosions ont des conséquences néfastes, entre autres : la disparition des espèces, des sources d’eaux, construction des lits des rivières,…
Dans le contexte d’une culture environnementale aux tout – jeunes, comptez – vous en parler dans des écoles ?
Pour que toutes les couches sociales soient sensibilisées, notre vulgarisation passe par les médias, radios et télévisions locales, par les réseaux sociaux ; des bouches à oreille mais plus en intégrant les riverains lors de nos activités pour qu’ils apprennent nos méthodes pour qu’à leur tour, ils puissent les reproduire chacun dans son coin. C’est comme ça que les problèmes environnementaux seront résolus par tous.
Dans le même cadre, nous pensons passer dans certaines écoles pour sensibiliser les élèves, futurs cadres du pays, les inculquer dores et déjà les petites notions de prise en charge de notre environnement et la gestion rationnelle de nos ressources naturelles.
Ce projet est d’impact communautaire, bénéficiez – vous de l’appui de l’autorité provinciale ? Dans le cadre d’un partenariat avec un organisme finançant des projets en agroécologie, comment peut-on vous contacter ?
Nous sommes une équipe organisée, prête à accompagner le gouvernement tant provincial que national. Les ONG, les Organismes des Nations – Unies ou toute autre structure qui se soucient du bienêtre de notre maison commune, la planète terre, peuvent trouver en nous le partenaire idéal. Nous sommes à la recherche de financements pour réaliser nos différents projets. C’est pourquoi nous lançons un SOS à quiconque de nous venir en soutien. Voici notre adresse de contact : [email protected]
Monsieur Don Béni NSIMBA LUKAU, nous vous remercions pour votre disponibilité ? Et vous souhaitons plein succès dans votre carrière ?
Merci infiniment pour ce temps accordé !
Propos recueillis par Matthieu KIALA LUSILA : 𝗖hargé de Communication à N’TO YE NKUNKU – Centre de Formation en Techniques Agroécologiques