Depuis plus d’un siècle, l’hôpital général de référence de Sona Bata, situé dans la zone de santé portant le même nom, est un pilier pour les habitants du territoire de Kasangulu dans la province du Kongo Central. Cependant, une négligence apparente menace aujourd’hui son existence. Alors que la population s’inquiète de son avenir, une série d’interrogations sur la gestion de l’établissement se pose. Enquête exclusive de Kongo Média.
Une histoire de déclin inexorable
Fondé en 1910, l’hôpital général de référence de Sona Bata a longtemps été un modèle de qualité en matière de soins médicaux. Son importance dépasse le cadre local, puisque même le premier président de la République, Joseph Kasa-Vubu, aurait parfois préféré se faire soigner dans cet établissement plutôt qu’à l’étranger. La réputation de cet hôpital était telle que plusieurs de ses collaborateurs y ont également trouvé refuge pour leurs soins. Le lit sur lequel le président Kasa-Vubu a séjourné est d’ailleurs toujours conservé comme témoignage de l’histoire de cet établissement.
Cependant, l’image d’hôpital moderne et efficace est aujourd’hui ternie. En avril dernier, une pluie diluvienne a causé l’effondrement de la toiture d’un bâtiment clé de l’hôpital : celui qui abrite le service de médecine interne pour femmes et les soins intensifs. Depuis cet incident, la toiture n’a pas été réparée, et la dégradation des infrastructures ne cesse de s’aggraver.
Des conséquences dramatiques pour la population
L’hôpital dessert une population de 129.121 personnes dans la zone de santé de Sona-Bata. Cette zone de santé est couverte par trois centres de santé de référence : celui de Luila, situé à 12 km de l’hôpital, celui de Ntadi à 20 km, et celui de Lukunga à 100 km. Ce dernier est particulièrement éloigné et difficile d’accès, rendant la situation encore plus préoccupante. La fermeture ou l’effondrement de l’hôpital général de Sonabata entraînerait une crise sanitaire majeure pour toute la zone.
L’incapacité de l’hôpital à répondre aux besoins médicaux de la population est aujourd’hui exacerbée par l’absence de gestion efficace. En dépit des demandes répétées auprès des autorités locales et provinciales, aucune action significative n’a été entreprise pour réparer les bâtiments endommagés.
Une gestion critiquée
Au cœur de cette crise, plusieurs sources internes pointent du doigt le Médecin Directeur de l’hôpital, arrivé en 2002. Selon des témoignages recueillis par Kongo Média, sa gestion est qualifiée de « dictatoriale » et de « déconnectée de la réalité » de l’hôpital. Il est reproché au Médecin Directeur de ne pas avoir pris les mesures nécessaires pour entretenir les infrastructures, laissant ainsi l’hôpital se détériorer lentement mais sûrement.
Des employés anonymes affirment que le Médecin Directeur a concentré ses efforts principalement sur des travaux superficiels, comme la peinture des murs, au lieu de résoudre les problèmes structurels et sanitaires urgents. « L’hôpital a besoin d’une vision, d’un véritable leader qui puisse prendre des décisions courageuses et efficaces. Mais ici, c’est plutôt l’indifférence qui prime », nous confie un membre du personnel.
Des promesses non tenues
Le Dr Rodrigue Baseya, Médecin Chef de la zone de santé de Sona-Bata, a confirmé que des démarches avaient été entreprises pour obtenir des fonds afin de réparer l’hôpital. Sur demande de la Division Provinciale de la Santé du Kongo-Central, un devis a été élaboré, et un Député National du Territoire de Kasangulu a même pris des initiatives pour appuyer la demande. Mais, à ce jour, aucune suite n’a été donnée à ces démarches.
L’appel de la population
Dans la foulée, les habitants de Sona-Bata lancent un appel désespéré : « Si cet hôpital doit être sauvé, il faut changer de direction. Nous avons besoin d’un gestionnaire compétent, quelqu’un qui comprenne l’urgence de la situation et qui mette en place des solutions concrètes pour la réhabilitation de cet établissement », affirme un membre de la communauté.
La réhabilitation de la toiture et des infrastructures est cruciale pour éviter une catastrophe sanitaire dans la région. Si l’hôpital de Sonabata venait à disparaître, de nombreuses vies seraient en danger, et les efforts de toute une vie pour améliorer la santé dans le territoire de Kasangulu seraient réduits à néant.