L’année 2024 s’achève avec une actualité politique dense pour la province du Kongo Central, en République Démocratique du Congo. Entre élections, changements d’autorités et controverses, la province a été le théâtre de nombreux rebondissements. L’un des événements majeurs a été l’élection à la tête de la province. Après les scrutins législatifs de décembre 2023, le Kongo Central a connu un changement significatif dans ses institutions.
En mai 2024, contre toute attente, Grâce Nkuanga Masuangi Bilolo, alors vice-gouverneur, a remporté l’élection au poste de gouverneur face à Guy Bandu Ndungidi, le gouverneur sortant. Ce duel inattendu a opposé deux anciens alliés de 2022 devenus rivaux. La suite du scrutin a été marquée par une saga judiciaire, Guy Bandu dénonçant des irrégularités lors du déroulement de l’élection. La Cour de cassation avait même recommandé l’annulation pour l’organisation d’un nouveau scrutin, une décision finalement non appliquée après la confirmation de la victoire de Grâce Bilolo par la Cour constitutionnelle.
Au sein de l’Assemblée provinciale, Papy Mantezolo Diantezua, député provincial de Luozi représentant l’UNC, a été élu président pour diriger la troisième législature de cette institution avec trente-six élus et 4 chefs coutumiers issus de la coptation. Sa victoire a influencé l’équilibre politique de la province, les élections ayant eu lieu peu avant le scrutin des gouverneurs et vice-gouverneurs.
Les élections nationales et provinciales ont également été marquées par des contestations. La CENI a proclamé les résultats provisoires, mais plusieurs circonscriptions ont vu des retournements de situation après des recours.
À Moanda, Robert Niondo Toko a été confirmé député national par la Cour constitutionnelle, au détriment de Modero Nsimba, qui a ensuite été arrêté et incarcéré à Makala pour propagation de faux bruits. Cette arrestation faisait suite à la diffusion d’un audio viral dans lequel il critiquait le régime et évoquait l’assassinat de l’opposant Chérubin Okende en juillet 2023. Dans cette même circonscription, Pierrot Mvumbi n’a pas reçu gain de cause de sa requête en contestation de l’élection de Marcel Matumpa. Ce dernier ayant obtenu deux sièges a laissé son premier suppléant Jelson Sisi Vimpi.
Dans la circonscription de Seke-Banza, Édouard Samba Nsitu, initialement recalé, a été rétabli par la Cour constitutionnelle au détriment de Joachim Mavungu. À Mbanza-Ngungu, Atou Matubuana et Rachelle Diazanguka ont été repêchés par la Cour d’appel, prenant respectivement la place de Serge Makaya Mbodo et Pierre Nsumbu Mutukalavo.
L’année s’est clôturée, en décembre, par la condamnation à cinq ans de prison de l’ancien ministre provincial de l’Intérieur, Constant Mamvidila Ndomanuel, jugé en procédure de flagrance pour avoir ordonné à ses hommes de fouetter un citoyen présenté comme spoliateur dans un conflit foncier à Mbanza-Ngungu. La vidéo de l’incident, devenue virale sur les réseaux sociaux, a suscité une vive indignation. Constant Mamvidila a ensuite été révoqué de ses fonctions par le gouverneur de la province.
Ces événements reflètent une année de bouleversements pour le Kongo Central, où les décisions judiciaires et les rivalités politiques ont redessiné l’échiquier provincial. Les acteurs politiques devront désormais œuvrer à consolider les acquis et répondre aux attentes d’une population en quête de stabilité et de développement.