Vols à main armée, cambriolages, agressions nocturnes, insécurité dans certains quartiers périphériques, racket dans les marchés et autres lieux publics… Les exemples ne manquent pas. Les victimes, souvent réduites au silence, ont peu de recours. Certains commerçants ferment plus tôt que d’habitude. Des familles vivent la peur au ventre, même dans des coins autrefois considérés comme « tranquilles ». À Matadi, la nuit est devenue, pour beaucoup, un moment d’alerte.
Le cas le plus récent est celui d’un cambriolage survenu le 24 mai vers 19 heures, une heure où la circulation est encore fluide et en plus un samedi, jour de week-end et de détente. Ce soir-là, un centre de paris sportifs a été visé. Une importante somme d’argent a été emportée avec une opération menée pendant une dizaine de minutes. Dans la plus part des cas, ce genre d’actes se produit parfois à quelques mètres d’un poste de police, d’un commissariat ou sous-commissariat. Des interrogations surgissent : comment cela est-il possible ? Dans un autre cas enregistré, un opérateur économique a été abattu à son domicile. Il a succombé à ses blessures quelques jours plus tard.
Dans la commune de Matadi, l’une des trois que compte la ville, les cas de cambriolages et de braquages sont de plus en plus fréquents. Dans les communes de Nzanza et Mvuzi, c’est le banditisme urbain qui prend de l’ampleur. Des groupes de jeunes délinquants se forment en écuries, au point où certains n’osent plus franchir certaines limites de peur d’une confrontation. Plus grave encore, des bandits organisés terrorisent les habitants, font irruption dans des églises, et vont jusqu’à envoyer des notes d’alerte pour annoncer leur venue dans la nuit. Comme si nous vivions dans une jungle ou dans un État absent.
« Les autorités provinciales sont-elles dépassées face à la montée de la criminalité ? », s’est récemment interrogé un élu national du Kongo Central à l’Assemblée nationale pour décrier la montée en force des cas d’insécurité à Matadi et Boma en particulier et au Kongo Central en général.
Il est vrai que les autorités provinciales ne sont pas totalement inactives. Des patrouilles policières sont visibles à certains endroits, des arrestations ont lieu, et des campagnes de sensibilisation sont parfois menées. Mais ces actions ponctuelles suffisent-elles ?
En effet, la sécurité ne peut être une option mais elle doit être un droit fondamental. Elle exige une stratégie claire, une police bien formée, présente et proche de la population, ainsi qu’une justice rapide et impartiale. Sans cela, Matadi risque de sombrer dans une insécurité normalisée, où l’on apprend à vivre avec la peur, comme si elle était une fatalité.