Selon Gaston Mbiombi, chef de secteur de Ngufu, une partie des ayants droit coutumiers estiment n’avoir pas été indemnisés à hauteur de leurs revendications. Dimanche 22 juin, la tension est montée d’un cran lors qu’une délégation conjointe de l’administrateur du territoire et du chef de secteur s’est rendue sur place pour calmer les esprits. Deux meneurs présumés ont été conduits à Inkisi pour être entendus, mais le risque de nouvelles actions de blocage demeure. « Si la frustration s’enracine, certains pourraient aller jusqu’à menacer l’intégrité du gisement, conformément aux pratiques de la culture bantoue », prévient un notable.
Le différend foncier avec l’Église kimbanguiste
Parallèlement, l’Église de Jésus-Christ sur la Terre par son envoyé spécial Simon Kimbangu (Église kimbanguiste) revendique la propriété d’une parcelle qu’elle considère spoliée lors du traçage de la future route minière. Des pourparlers sont en cours, mais aucun accord n’a encore été trouvé. « Nous cherchons un compromis acceptable pour toutes les parties », fait savoir une source proche des négociations. Si les exigences ecclésiales s’avéraient incompatibles avec les plans de la COMILU, l’avenir du projet pourrait être sérieusement compromis.
Le lancement des travaux routiers le 2 mai avait pourtant désamorcé de nombreuses critiques envers l’entreprise, accusée jusque-là de ne servir que ses propres intérêts. L’infrastructure doit non seulement faciliter l’évacuation du minerai, mais aussi désenclaver plusieurs localités riveraines. « C’est la preuve que la compagnie pense aussi au développement local », reconnaissait récemment un chef coutumier favorable au projet.
Officiellement, la COMILU n’a pas encore communiqué de nouveau calendrier ni chiffré les pertes éventuelles liées à ces blocages. Mais, en coulisses, des responsables redoutent un glissement de plusieurs mois si les négociations s’enlisent. Déjà fragilisé par la volatilité des cours du cuivre, l’investisseur ne cache plus son inquiétude.
Le ministère provincial des Mines suit le dossier de près. Une médiation tripartite – autorités locales, Église kimbanguiste et ayants droit coutumiers – est envisagée pour sécuriser le chantier et rassurer l’entreprise. En attendant, les bulldozers tournent au ralenti, suspendus à l’issue des discussions : décision qui pèsera lourd sur l’avenir du plus grand projet cuprifère du Kongo Central depuis une décennie.