Ce dimanche 19 octobre, une vive tension a régné à la morgue de l’hôpital provincial de Kinkanda. Des jeunes, venus en masse et dont la plupart étaient des motocyclistes, sont arrivés pour déposer le corps de Fernando Kitino (nom communiqué à la rédaction par sa famille), un adolescent de 15 ans qui a succombé le même jour à des tortures infligées la veille par des éléments des FARDC chargés de la sécurité dans cette zone de la commune de Nzanza.
Les jeunes du quartier, qui ont transporté le corps à la morgue, réclamaient la présence immédiate des autorités compétentes pour faire la lumière sur cet incident dramatique. Ils ont d’abord amené le corps à la résidence du maire de Matadi avant de le ramener à la morgue, escortés par des éléments de la police, afin qu’il y soit déposé dignement.
D’après le récit des membres de sa famille rencontrés à la morgue, la victime revenait de son lieu de travail à la plage de Libongo, sur le fleuve Congo, près de la station de captage de l’usine fleuve de la Regideso, où il exerçait l’activité de vente de sable. À son retour, entre 20 heures et 21 heures, en compagnie de deux autres camarades plus âgés, ils ont été contraints de montrer leurs pièces d’identité. Les trois n’en disposant pas, ils ont été roués de coups par ces militaires qui les ont même ligotés avec des cordelettes.
Libéré après quelques heures, la victime est rentrée au domicile familial, souffrant de fortes douleurs et incapable de se nourrir. Le dimanche matin, ses souffrances se sont intensifiées ; il a été conduit dans un hôpital du quartier, où il a rendu l’âme.
« Mon neveu, revenu de son travail où il vend du sable près de la plage Libongo, a été arrêté vers 20 heures avec ses deux camarades par les militaires en patrouille. Ils ont été tabassés, puis il a été libéré vers 22 heures. Le matin, il n’a pas pu supporter le choc subi la veille et c’est vers midi qu’il a rendu l’âme au centre Boyambi, situé dans le quartier », a expliqué son oncle, sous l’émotion.
L’indignation est vive parmi les habitants de Trabeka, qui dénoncent le mauvais comportement de ces militaires censés protéger la population. Selon plusieurs témoignages, c’est au niveau de l’école Mambote qu’ils ont érigé leur quartier général.
Un habitant rapporte que « ces militaires commencent leur patrouille vers 20 heures. Si vous avez une carte d’électeur, ça va encore, mais dans le cas contraire, ils vont vous compliquer la vie comme pas possible. Ils arrêtent les gens même devant leur porte. »
Les jeunes et la famille exigent qu’une enquête transparente soit menée pour identifier les auteurs présumés de ces actes de torture au sein des FARDC et que justice soit rendue à l’adolescent décédé.