La société civile, par sa nature même, travaille main dans la main avec les communautés à la base. Son engagement se traduit par une présence et des activités constantes sur le terrain, leur permettant ainsi de percevoir de manière directe et quotidienne les besoins, les difficultés et les réalités vécues par les populations.
C’est à partir de ce contact permanent que le constat de l’existence d’un vide juridique et institutionnel sur plusieurs questions essentielles a été établi. Ce déficit légal est particulièrement flagrant et préoccupant dans le domaine des coutumes agressives et discriminatoires envers la fille et la femme. Lors de notre dernière Assemblée Générale, ainsi qu’au cours des réunions de nos groupes thématiques de travail, l’absence de cadres clairs et protecteurs pour contrer ces pratiques a été clairement démontrée et documentée.
Les effets de ce vide juridique se répercutent de manière néfaste sur l’ensemble de la société, entraînant notamment la marginalisation. La femme demeure souvent reléguée aux marges des sphères sociales, économiques et même politiques. De plus, elle subit régulièrement une pression importante et disproportionnée par rapport à l’homme, limitant son plein épanouissement et l’exercice de ses droits fondamentaux.
L’édit proposé ne cherche pas à s’acharner contre l’ensemble des coutumes provinciales. Au contraire, il vise spécifiquement les aspects avilissants de celles-ci.
« Nous parlons, nous précisons à la place de tout le monde que ce ne sont pas toutes les coutumes que nous voulons [combattre]. Ce sont les aspects avilissants de nos coutumes pour lesquels nous avons essayé de proposer certaines lois. Dans des moments comme celui-ci, nous avons voulu les protéger pour que la loi prenne sa place. Donc, c’est une manière d’aider la société à bien faire son travail », a dit Simon Nsilulu, membre du Cadre de concertation.
Compte tenu du climat politico-socio-économique actuel dans la province, la société civile a constaté que les Défenseurs des Droits de l’Homme et les journalistes sont exposés à de multiples menaces dans l’exercice de leurs fonctions.
Ces menaces se manifestent à plusieurs niveaux : d’abord l’accès à l’information. Les acteurs sont souvent bloqués, rendant impossible l’obtention d’informations fiables. Cette obstruction contraint les journalistes à tâtonner par rapport à la réalité. Ensuite, après la publication. Lorsque l’information est obtenue et vulgarisée, les DDH et journalistes sont sujets au harcèlement, à la brutalisation et aux menaces émanant d’individus au pouvoir ou en dehors.
« Nous avons ciblé deux vides juridiques majeurs : celui qui permet les coutumes discriminatoires envers la fille et la femme et celui qui laisse les défenseurs des droits humains et les journalistes sans mécanismes de protection solides. Nous avons ainsi jugé nécessaire de proposer ce cadre juridique adapté pour le Kongo-Central. Nous sommes reconnaissants de l’encouragement de nos députés élus du peuple qui se sont engagés à porter ces textes au niveau de l’Assemblée. Cette activité est donc bien plus qu’un succès pour la société civile : elle est une étape importante et décisive vers l’amélioration de la gouvernance, la promotion de l’égalité et la protection des droits dans la province du Kongo-Central », a dit Jules Benga, Président du Cadre de concertation de la société civile.
Notons que cet atelier d’amendement a doté la province de deux propositions d’édits vitales : l’une pour protéger concrètement la jeune fille et la femme contre les coutumes avilissantes, l’autre pour sécuriser les DDH et journalistes face aux menaces. Forts de cette réussite, la prochaine étape décisive est l’invitation des Députés Provinciaux afin qu’ils portent et transforment ces propositions en édits effectifs.





