On ne cessera de se plaindre de la manière dont la justice est administrée, une situation qui empêche la République Démocratique du Congo de s’élever. Il fut une époque, et peut-être cela se poursuit-il encore dans certains coins du pays, où l’on se plaignait de l’insuffisance des magistrats dans les cours et tribunaux, ce qui était perçu comme un grand obstacle. Cela avait conduit au recrutement de nouveaux magistrats, avec l’espoir de voir les choses changer positivement. Mais c’était apparemment une illusion.
Ce qui est arrivé au parquet près le Tribunal de paix de Madimba, l’un des territoires de la Province du Kongo Central, est loin de confirmer cet espoir tant attendu.
Raman Bitompo, un des jeunes leaders résidant au quartier Mfuki dans l’ancienne cité de Kintanu à Inkisi, se trouvait chez lui le 24 septembre 2025 vers midi. Suite à des bruits provenant de l’extérieur de sa parcelle, il est sorti pour en savoir davantage. C’est à ce moment qu’il a trouvé le Commissaire Supérieur Tenda Abango, Commandant Territorial de la Police Nationale Congolaise (PNC) du Territoire de Madimba, au milieu d’une foule de vendeurs du marché de Bouquet. La fumée du gaz lacrymogène s’était répandue un peu partout, alors que rien ne semblait nécessiter l’intervention des éléments de la police à cet endroit précis.
Raman s’est adressé au Commandant Tenda, lui faisant remarquer qu’il aurait fallu qu’il soit plutôt au niveau du centre social de Kintanu où un affrontement entre des hors-la-loi avait eu lieu peu de temps auparavant. Le Commandant Tenda, se comportant comme quelqu’un venu dans une mission de provocation, s’est adressé à Raman dans des termes qui ne lui ont pas plu. Ce dernier est alors allé se plaindre au parquet près le Tribunal de paix de Madimba.
Alors qu’il était en train de faire sa déposition devant l’Officier du Ministère Public (OMP), le Commissaire Supérieur Tenda est arrivé. Sans aucune considération pour le parquet, il a fait du tapage, et Raman, arrivé comme plaignant, a été directement transformé en accusé.
Un mandat d’arrêt provisoire sera établi à la charge de Raman Bitompo, qui passera la nuit au cachot. Le lendemain, alors que l’affaire ne revêtait pas un caractère de flagrance, et même si c’était le cas, le magistrat a débarqué à son office à 4 h 10 du matin à bord de la jeep de la police pour auditionner le plaignant Raman de manière sommaire. Enfin, il l’a envoyé à la prison de Kasangulu, où il est arrivé à 5 h 27 à bord de la même jeep de la police, malgré les embouteillages reconnus sur cette route.
Dans l’intervalle, ce magistrat a soulevé une autre affaire, vieille d’une année, qui avait opposé le commandant de la police de circulation routière d’Inkisi à Raman Bitompo, une affaire qui n’était pas soumise au parquet. Il a accusé Raman d’injures envers ce commandant de la police de circulation routière.
En conséquence, Raman est allé en prison sans aucune précision de l’affaire pour laquelle il était poursuivi.
Cette manière d’agir de la part de ce magistrat soulève des interrogations : comment peut-on transformer un plaignant en accusé ? Pour quel motif ou nécessité ce magistrat a-t-il dû se déplacer à son office à une heure si matinale pour auditionner quelqu’un ?
Ce fait, qui soulève tant de préoccupations dans l’administration de la justice en République démocratique du Congo, nécessite que des sanctions sévères soient continuellement infligées à ces hommes de droit qui se comportent de manière à saper l’image du pays.





