Jean Mbutu Makaya, promoteur du Centre d’étude et des formations maritimes (CEFM), expert reconnu en sécurité maritime et chercheur dans le domaine de la protection civile, s’exprime face à cette situation. Commandant de bateaux, il constate avec une profonde tristesse ce énième cas, faisant allusion à la récente explosion d’un camion-citerne de Lerexcom Petroleum SA.
Pour Jean Makaya, la fatalité n’a pas sa place au Kongo Central. « Les incendies ont des conséquences dévastatrices, et il est important d’en comprendre les causes pour éviter qu’ils ne se produisent. Bien que certaines causes d’incendies soient inévitables, comme les catastrophes naturelles, d’autres peuvent être évitées avec des formations et des précautions appropriées », déclare l’expert, avant de détaillé une série de mesures pour transformer la gestion des risques dans la province.
Le premier volet des recommandations de Jean Mbutu Makaya concerne la préparation et la logistique d’intervention. Il estime qu’il est impératif d’élaborer des Plans d’intervention d’urgence (PIU) d’incendie, plus particulièrement le plan d’incendie de liquides et de gaz inflammables. Si les plans existent, ils doivent être actualisés immédiatement.
L’élaboration de Plans d’intervention d’urgence d’évacuation et le respect strict des politiques et procédures relatives aux protocoles de sécurité sont non négociables. À cela, il préconise la mise sur pied d’une équipe d’intervention d’urgence, formée adéquatement sur les procédures spécifiques en cas d’incendie d’hydrocarbures.
La nécessité d’une infrastructure de base est soulignée avec force. « Il faut disposer les bouches d’incendie dans les endroits stratégiques de la ville, pour éviter que les intervenants (camion anti-incendie et la population) n’aient à aller chercher très loin l’eau pour continuer la lutte. Le feu n’attend personne. »
Considérant le danger public permanent que représente le passage des camions-citernes à travers toute la province, l’expert met l’accent sur la sensibilisation et le contrôle des véhicules et des conducteurs.
« Nous sommes appelés à sensibiliser la population aux risques d’incendie, principalement l’incendie des hydrocarbures, car les camions-citernes traversent toute la province chaque jour et ceux-ci représentent un grand danger public. La formation des conducteurs aux protocoles de sécurité est jugée essentielle, ce qui nous éviterait les comportements dangereux des chauffeurs observés au quotidien sur nos routes. Pour garantir la pérennité des mesures, je recommande d’effectuer régulièrement des audits de sécurité et de développer un système pour signaler et traiter les risques potentiels d’incendie. »
Toutefois, il estime que la sécurité commence par l’état des véhicules transportant des matières inflammables. Jean Mbutu Makaya insiste sur le contrôle technique et humain. « Pour les engins, effectuez des inspections régulières des équipements de sécurité de bord, pour vous assurer de leur état de fonctionnement. Il faut également effectuer des inspections régulières pour identifier les défaillances et les risques potentiels d’incendie. Il est indispensable d’initier des checklists avant tout déplacement des camions-citernes et de contrôler sévèrement l’état de sobriété des conducteurs. »
Jean Makaya rappelle que la prévention reste la clé pour éviter ces événements dangereux et destructeurs. Il souligne que la récidive de ces drames met en cause les mesures prises par le passé. « C’est pourquoi il faut solliciter d’autres experts pour maximiser les connaissances afin de prendre des mesures sécuritaires supplémentaires qui vont concrètement sécuriser la population, leurs biens et les investissements », affirme-t-il.
Signalons que le Centre d’étude et des formations maritimes (CEFM) se dit d’ailleurs disponible pour accompagner la province dans ce grand défi.





