A Genève en Suisse, Judith Suminwa mène une offensive diplomatique et économique. Entourée des ministres de la Justice et des Mines, la Première ministre a réuni ce jeudi les plus grandes entreprises minières mondiales et les acheteurs finaux pour co-concevoir un nouveau système de traçabilité des minerais de l’Est, avec un objectif de faire des richesses du sous-sol congolais un puissant levier de paix et de développement.
L’initiative, tenue au Centre pour le Dialogue Humanitaire Henri Dunant, vise à concrétiser la vision du Président Félix Tshisekedi avec son ambitieux Plan d’aide d’urgence de 5 milliards USD pour la reconstruction des provinces du Nord et du Sud-Kivu. Au cœur des discussions se trouve la nécessité d’un système de traçabilité renforcé, de la mine jusqu’à l’exportation, pour éradiquer la contrebande des minerais dits « 3T » (étain, tantale, tungstène) vers les pays voisins.
Cette démarche est jugée essentielle pour assainir le secteur, augmenter les recettes fiscales et, surtout, empêcher le commerce illicite de continuer à financer les groupes armés qui déstabilisent l’Est du pays.
À l’issue de la rencontre, le Ministre des Mines, Louis Watum Kabamba, n’a pas mâché ses mots. Il a insisté sur l’urgence de la transparence et de la collaboration internationale. « Il est temps d’arrêter cette hypocrisie, de reconnaître que c’est finalement cette hypocrisie qui nous a coûté aujourd’hui. L’effort de traçabilité, de transparence, nous devons conjuguer tous nos efforts ensemble pour y arriver. »
La PM Suminwa a appelé les partenaires à aller au-delà des standards existants (OCDE, CIRGL) pour garantir un suivi rigoureux du minerai, depuis son extraction jusqu’à sa commercialisation finale. L’approche de la RDC est stratégique : elle ne se contente pas de dénoncer le pillage, elle propose une voie vers une prospérité partagée.
Alexandre Liebeskind, responsable Afrique francophone du Centre pour le Dialogue Humanitaire Henri Dunant, a parfaitement résumé cette philosophie économique et politique. « L’idée c’est d’offrir une dividende de paix sous forme de cet accord régional d’intégration économique qui rende la paix plus profitable que la guerre. Plus profitable pour les États en termes de stabilité, plus profitable pour les communautés. »
Pour Alexandre Liebeskind, l’enjeu est de transformer la richesse minérale en un véritable moteur de développement. « Les minerais de la RDC devraient être en fait un puissant vecteur de développement, tout simplement en générant une manne fiscale qui pourrait à son tour développer toute l’infrastructure dont le Congo a besoin pour prospérer. »



Pour les autorités, cette rencontre marque une étape importante pour le pays. En mobilisant l’ensemble de la chaîne de valeur, le Gouvernement Suminwa ouvre la voie à une réforme profonde du secteur minier, destinée à mettre fin au pillage à grande échelle des ressources et à garantir que les richesses du sous-sol congolais financent enfin le bien-être de son peuple.





