Durant cette conférence de presse, les quatre ONG, à savoir l’Initiative pour le Développement Local (IDEL), le Cadre d’acteurs et d’actions pour le développement durable (CAADD), Ressources naturelles et développement (RENAD asbl) et la Dynamique pour le droit, la démocratie et le développement durable (D5 asbl), ont mis en lumière trois problématiques qui touchent l’exploitation pétrolière du bassin côtier de Muanda dans la province du Kongo Central. Il s’agit, entre autres, de la situation des droits humains aux niveaux communautaire et institutionnel, de la situation sociale préoccupante de la cité côtière de Muanda marquée par une pauvreté persistante, ainsi que de la dégradation des écosystèmes liée à l’activité pétrolière.
La conférence a été animée par Serges Ngimbi (coordonnateur national de l’IDEL), Germain Mbambi Mbadu (chargé des programmes à la D5) et Alphonse Khonde (secrétaire exécutif du CAADD). Leur objectif commun est de porter les revendications des populations locales auprès des autorités via un plaidoyer structuré. Ils estiment qu’à cause de l’argent produit par le pétrole, l’être humain est négligé. De ce fait, martèlent-ils, le Kongo Central a tout pour se développer, même sans le pétrole.
Des actions concrètes pour 2026
Serges Ngimbi a indiqué que ces travaux ont permis d’identifier de nouvelles initiatives qui seront appliquées dès 2026. L’urgence est d’exhorter les décideurs à prendre des mesures protectrices pour cette cité côtière, particulièrement face aux futurs projets de forages. « Ces quatre jours de réflexion nous ont permis de dégager des actions concrètes pour le bien-être de nos communautés. À Muanda, la situation est grave. Il faut des décisions urgentes, car les nouveaux projets pétroliers continuent d’affecter directement les populations », a-t-il déclaré.
De son côté, Germain Mbambi Mbadu de la D5 a fustigé le décalage entre les textes légaux et la réalité du terrain. Il a soulevé l’existence d’un “dualisme juridique” qui favorise les entreprises au détriment des citoyens. « Nos analyses montrent un fossé profond entre le cadre légal et le vécu des communautés. Les droits garantis par la Constitution ne sont pas respectés, tandis que l’exploitation se poursuit au détriment de l’environnement », a-t-il expliqué. Il a précisé que les sociétés opérant à Muanda ne sont pas soumises à la loi de 2015 sur les hydrocarbures, mais bénéficient d’un régime spécial hérité des conventions de 1969, leur garantissant une stabilité fiscale et juridique avantageuse, mais préjudiciable aux riverains.
Pollution et gestion opaque de la rétrocession
Alphonse Khonde a abordé le volet socio-économique et la problématique de la rétrocession pétrolière. Selon lui, l’expansion de l’exploitation risque d’aggraver une situation déjà critique. « La précarité à Muanda est incompréhensible. La pêche est presque paralysée par la pollution. Quant à l’argent de la rétrocession, censé booster le développement local, il prend des directions incontrôlées au détriment des infrastructures de base comme l’eau et l’électricité », a déploré le secrétaire exécutif du CAADD.
Ces organisations de la société civile ont réaffirmé leur détermination à poursuivre ce plaidoyer pour que l’exploitation des ressources naturelles au Kongo Central contribue enfin au développement durable et au respect de la dignité humaine. « L’heure de la juste a sonné », concluent-ils.




