Le rapport présenté par la commission spéciale et temporaire, mise en place le 20 octobre dernier, dresse un état des lieux sombre de la situation financière, des ressources humaines et du patrimoine de l’Assemblée du 1er mars au 31 octobre 2025. Après 22 jours d’investigations et de nombreuses auditions, le verdict est sans appel : Papy Mantezolo, déjà déchu de ses fonctions de président durant cette session, est mis en accusation pour détournements présumés et malversations financières. Il écope, par la même occasion, d’une suspension de 12 mois.
Son ancien directeur de cabinet, Ronald Bikindu, subit le même sort pour les mêmes motifs. Selon Gilbert Salabiaku, président de la commission, les deux hommes ont délibérément refusé de répondre aux invitations des enquêteurs, ce qui a privé l’Assemblée de leur version des faits.
Le rapport de la commission détaille une série de dossiers financiers suspects dont l’ampleur a profondément choqué la plénière. Parmi les irrégularités les plus marquantes, les enquêteurs ont relevé un écart injustifié de 900 000 USD dans le dossier d’acquisition des véhicules des élus, ainsi que la volatilisation, sans aucune trace comptable, de 200 millions de FC issus d’un appui budgétaire du gouvernement provincial destinés à la Conférence des présidents des Assemblées provinciales (COPAP).
Les griefs portent également sur des surfacturations qualifiées de scandaleuses, à l’instar d’une photocopieuse Canon facturée 6 500 USD à Inga ou d’un trou de 73 millions de FC dans les dossiers gérés par l’Intendant général. Enfin, le rapport pointe des prélèvements occultes, révélant que le directeur de cabinet Ronald Bikindu percevait, sous décharge, 20 millions de FC à chaque paie pour des motifs qui demeurent, à ce jour, non élucidés. En conséquence, l’Intendant général, Pascal Miantezolo, et le sous-gestionnaire des crédits, Jean-Pierre Kayinkanzi, ont été suspendus pour complicité, légèreté et surfacturation.
Visiblement ému par l’ampleur du désastre financier, le président de l’Assemblée provinciale, Victor Nsuami Mpaka, a fustigé le comportement de certains acteurs politiques. « Aimer le Congo, c’est respecter les lois et tenir compte de son prochain. Il est malheureux de constater que nous, législateurs, cherchions parfois à tirer des dividendes sur toutes les opérations », a-t-il déclaré.
Il a rappelé que l’Union sacrée de la Nation n’est pas un refuge pour les antivaleurs. Il a par ailleurs déploré la précarité sociale des députés et du personnel administratif qui peinent à se soigner alors que des fonds publics étaient dilapidés. L’adoption de ce rapport à la majorité marque une volonté de rupture de l’actuel bureau, qui promet que les recommandations seront appliquées sans complaisance par la justice.
Signalons qu’au cours de la même séance, la plénière a accueilli avec effervescence le retour du député Jacques Khonde Mombo. L’élu de Lukula a regagné son siège après sa démission du gouvernement provincial au poste de ministre des Infrastructures, Travaux publics, Reconstruction et Aménagement du territoire pour convenance personnelle.




