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Journée internationale de la langue maternelle : Maître Belinda Luntadila déplore « la perte d’identité de la langue Kikongo dans la province du Kongo-Central »

Le 21 février de chaque année le monde célèbre la journée internationale de la langue maternelle. Pour cette 22e édition, la journée est placée cette année par l’UNESCO sous le thème « promotion du multilinguisme pour l’inclusion dans l’éducation et la société ».

Cette journée rappelle l’importance des premiers apprentissages en langue maternelle pour la réussite scolaire des élèves et leur insertion harmonieuse dans la société.

Une occasion pour la rédaction de Kongo Média d’avoir une idée par rapport à la langue kikongo qui est en voie de disparition dans la province Kongo-Central. Cette langue est de moins en moins parlée.

Maître Belinda Luntadila Nzuzi, Avocate de formation, a bien voulu répondre à notre invitation pour parler de la problématique de la langue Kikongo ainsi que de sa sauvegarde.

D’entrée de jeu, elle s’exprime dans ces termes : Merci de cette invitation et avant de répondre aux questions, je voudrais introduire le fait que si la journée mondiale de la langue maternelle a été instaurée c’est pour dire son importance dans la vie sociétaire et l’identification de chaque individu : d’où nous venons et quelle est notre culture ?

Etat des lieux de la langue Kikongo au Kongo-Central actuellement ?

Le Kongo Central est entrain, à mon humble avis, de perdre son identité car notre langue n’est pas assez mise en avant depuis nos familles, dans nos milieux et dans notre quotidien.

La langue Kikongo, même au Kongo Central, est devenue rare à entendre. Imaginez, quand vous vous arrêtez à un marché pour des achats et que vous négociez en Kikongo, beaucoup sont surpris du fait qu’ils ne s’attendaient pas que vous bricoleriez même quelques phrases pour le faire. Surtout qu’ils se disent que ceux qui viennent des milieux universitaires ne maîtrisent sûrement pas même une petite phrase en kikongo.

Cette identité au Kongo Central se perd de plus en plus. Les gens se disent que parler kikongo est une honte et qu’il faudrait plutôt maîtriser le lingala et/ou le français pour qu’on vous considère « branché » ou à la page. Ce qui est triste et dommage.

Que devons-nous faire pour sauvegarder cette richesse ?

Etant originaire et bénéficiaire de cette province, Maitre Belinda pense qu’il faut redorer l’image de la Province à travers la revalorisation de la culture Kongo. Pour cela, il faut réhabiliter, dans nos programmes scolaires, quelques heures d’apprentissage du kikongo et même dans les programmes universitaires.

La question demeure néanmoins, de quel kikongo devrait-il s’agir d’autant plus qu’il y en a plusieurs et avec des tonalités différentes ? A mon avis que cette question ne devrait pas vraiment se poser.

Quand chacun parle, les autres comprennent et échangent facilement entre eux. Néanmoins, trouvons des bases solides pour construire ce mur du Kikongo.

Il faudra, à cet effet, que nous essayons d’échanger en kikongo dans les innombrables groupes Wathsapp, par exemple, qui regroupent les Ne Kongo pour nous aider à nous identifier et remonter le niveau de cette langue riche de valeurs. Ces échanges permettront à ceux qui ne maîtrisent pas de découvrir, non seulement la langue mais aussi à travers elle, l’histoire Kongo.

En outre, nos radios communautaires, proches de la population, à travers des programmes attrayants et diffusés particulièrement en Kikongo seront d’une contribution plus qu’importante pour la restauration du Kikongo dans tous les coins et recoins du Kongo Central.

Pour rappel, Maître Belinda Luntadila Nzuzi est Avocate au barreau de Kinshasa/Matete depuis 2001 et Rapporteure de la Commission Nationale des Droits de l’Homme (CNDH). Elle est également Présidente du Conseil d’Administration de l’Institut Universitaire d’Etudes et de Formation en Développement (IUEFD) de Mbanza-Ngungu et candidate gouverneure pour la province du Kongo-Central.

Reagan Nsiese

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