Junior Ngimbi, diplômé d’État en pédagogie générale, était un militant bien connu à Matadi, où il occupait le poste de chargé de mobilisation pour l’ECIDé dans la commune de Nzanza. À ce titre, il participait régulièrement aux manifestations pacifiques organisées pour dénoncer l’insécurité grandissante dans la ville, les enlèvements et les meurtres.
Le 12 mars 2022, il avait pris part à une marche pacifique du parti. Celle-ci, bien qu’autorisée selon les organisateurs, a été brutalement dispersée par les forces de l’ordre. Quelques jours plus tard, le 6 avril, alors qu’il quittait une réunion politique avec d’autres militants, un bus s’arrête à proximité. Un homme armé les menace, et les contraint à monter à bord.
Selon certains témoignages, les hommes à bord se sont révélés être des agents de l’ANR. Ils ont bandé les yeux et la bouche des militants, avant de les frapper violemment avec leurs bottes et des cordes. Junior Ngimbi est ensuite enfermé pendant trois jours dans une cellule inconnue avec une dizaine d’autres personnes, sans nourriture ni eau.
Depuis cette date, Junior Ngimbi n’a plus jamais été revu. Sa famille, plongée dans une angoisse insoutenable, n’a cessé de le chercher. Visites dans les centres de détention, lettres officielles, saisines d’ONG… toutes les démarches sont restées sans réponse.
« Nous continuons toujours sa recherche et nous espérons un jour le revoir encore », confie Papy Nkondi Mpanzu, son grand frère, contacté par Kongo Média. Des rumeurs ont évoqué une possible présence de Junior à Kinshasa, la capitale de la République Démocratique du Congo, mais aucune de ces pistes n’a pu être vérifiée.
Le cas de Junior Ngimbi n’est pas isolé. À Matadi et dans d’autres villes du Kongo Central, plusieurs militants politiques ont signalé des intimidations, des arrestations arbitraires et des disparitions inquiétantes. La répression des voix dissidentes semble s’intensifier, dans un climat où manifester pacifiquement peut entraîner des conséquences dramatiques.
Le parti ECIDé a, de son côté, officiellement alerté ses instances à Kinshasa et appelé à l’ouverture d’une enquête. Dans une lettre datée du 19 septembre 2022, le secrétaire provincial Pascal Tulu Mayunda dénonce une « disparition inhabituelle et inquiétante » et réclame des actions concrètes.
Aujourd’hui, la famille de Junior Ngimbi, tout comme ses camarades politiques, réclame une chose : la vérité. « Ce silence est insoutenable », insiste son frère. Les ONG de défense des droits humains, les institutions judiciaires congolaises, et la communauté internationale sont appelées à se mobiliser.
Un an après, la disparition de Junior Ngimbi reste un symbole glaçant de la répression des libertés en République démocratique du Congo. Une blessure ouverte, dans l’attente de justice.
Reagan Nsiese