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Mise en concession du port de Matadi : l’intersyndicale de l’Onatra donne le feu vert pour une marche de protestation

Aucun compromis n’a jusque-là été trouvé suite aux revendications de l’intersyndicale de l’Office national des transports (ONATRA) malgré la rencontre, jeudi 16 mai, avec les autorités provinciales après le mouvement d’arrêt de travail observé la veille dans les installations du port international de Matadi.

Le mot d’ordre a été donné ce même jeudi par la délégation syndicale juste après la réunion tenue avec le Ministre Provincial en Charge des Transports du Kongo Central qui a accouché d’une souri. Les agents ainsi que la délégation syndicale montent au créneau pour barrer la route au projet de concession des activités conteneurs au port de Matadi, conclue entre le gouvernement congolais et le consortium comprenant le géant mondial de l’armement Mediterranean Shipping Company (MSC) de Matadi.

Raison pour laquelle les syndicats représentatifs à l’Onatra ont, dans une correspondance adressée au Gouverneur de Province, annoncé la tenue d’une marche pacifique de contestation contre la mise en concession du port de Matadi le lundi 20 Mai prochain dans les artères du chef-lieu de la province du Kongo Central.

« Par la présente, les syndicats représentatifs de l’Onatra SA ont l’avantage d’approcher votre autorité au sujet de la marche pacifique de protestation. En effet, opposés farouchement au projet de la mise en concession du port de Matadi en violation des prescrits de l’article 56 de la Constitution de notre pays ; les syndicats représentatifs accompagnés de tous les travailleurs ainsi que la population de Matadi organisent une marche pacifique ce lundi 20 mai 2024 », lit-on dans cette correspondance.

Bien avant cela, le président de la délégation syndicale Armant Osase Okitakay avait expliqué les raisons de leur revendication donnant toutes les directives de la marche qui devrait en principe avoir lieu jeudi. Les manifestants dénoncent la non-conformité des accords signés par les deux parties.

« Nous, syndicalistes et travailleurs de l’ONATRA, sommes mobilisés à faire entendre notre voix. Notre marche ira de la Mairie jusqu’au port de Matadi. Nous ne voulons pas que ce TCM soit remis entre les mains des Français. C’est un port historique de notre pays et la seule entrée maritime du pays, alors nous n’accepterons pas ce contrat de plus de 25 ans avec des conséquences néfastes de 15% seulement des recettes qui ne représenteront que près de 2 millions USD seulement l’an alors que nous-mêmes sommes en mesure de mobiliser plus. C’est de la haute trahison », dit un membre de la délégation syndicale.

Il a par la suite lancé un message à l’endroit du Chef de l’Etat, Félix Tshisekedi, garant des institutions de la République, de se pencher sur ce dossier qui fait couler encre et salive au sein cette entreprise du portefeuille de l’Etat et de veiller pour que cette situation ne terni pas son image dans la province du Kongo Central où il était élu massivement pour son second mandat.

Background du projet au cœur des tensions

Le Conseil d’administration et l’Assemblée générale de l’ONATRA avait validé la vision du projet qui consiste à doter la ville de Matadi d’un port moderne pour mettre ainsi un terme à la prolifération des ports illégaux et combattre le coulage des recettes en République démocratique du Congo. Cette validation a donné lieu à la signature d’un contrat entre le gouvernement congolais et le consortium comprenant le géant mondial de l’armement Mediterranean Shipping Company (MSC).

Pour mener à bon port ce projet, une société de droit congolais, Matadi corridors terminaux à conteneurs (MCTC), a été créée avec la participation de l’ONATRA, en tant qu’actionnaire. Cette société bénéficie d’un droit restreint à la seule manutention des conteneurs sur une zone délimitée à l’intérieur du port de Matadi.

La construction de ces infrastructures permettra de réduire de manière significative les coûts d’importation et d’exportation des marchandises à partir de ce port maritime du Congo-Kinshasa. MCTC prévoit une structuration qui assurerait la mise en place par l’État d’un fonds social capable de régler le passif social de l’ONATRA qui impacte, à ce jour, durement la vie des travailleurs et leurs familles.

Fabrice Manzambi et Frédéric Nkedi

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