Ayant déjà vécu les méfaits des mouvements rebelles, la population de Kinkosi-Luidi, l’un des six secteurs du territoire de Madimba au Kongo Central, s’est fortement mobilisée face à la situation sécuritaire préoccupante dans l’Est de la République Démocratique du Congo.
Sa position géostratégique avec l’Angola en a fait, par le passé, un point de passage crucial lors des crises sécuritaires. Lorsque le mouvement d’insurrection avait éclaté à partir de la base militaire de Kitona, de nombreux militaires avaient emprunté les frontières de ce secteur, notamment à Nsungi, Kimakanda, Kimabela et Kizekizeki, pour se réfugier en Angola, causant d’importants dégâts parmi la population.
Se souvenant de ces événements tragiques et face aux tensions actuelles, les habitants ont mis en place un dispositif de sécurité communautaire efficace. Celui-ci consiste à interroger toute personne jugée étrangère, en lui demandant son lieu de provenance, sa destination, la famille à visiter et en exigeant une pièce d’identité.
Ce mécanisme a prouvé son efficacité le mercredi 12 février dernier. Dans l’après-midi, les habitants du village Kinkoko ont intercepté trois jeunes hommes et les ont soumis à cet interrogatoire. Selon un témoin sur place, l’un d’eux, parlant en lingala, a expliqué qu’ils tentaient d’entrer en Angola.
Après un échec à la frontière de Kindopolo, dans le secteur de Fidi Malele, ils comptaient essayer par Kimbidi, dans le territoire de Kimvula, avant de se tourner vers la Luidi pour une nouvelle tentative. Les deux autres individus ne parlaient aucune langue connue en RDC, ce qui a éveillé davantage de soupçons.
Alertée, la police du sous-commissariat local a immédiatement interpellé ces trois individus. Cependant, la gestion de l’affaire par l’autorité locale suscite des interrogations.
Contacté par Kongo Média, le chef de secteur de la Luidi a confirmé leur détention au cachot de la police, en attendant l’arrivée de la mère de l’un d’eux depuis Kinshasa pour témoigner. Cette approche, considérée comme imprudente, soulève des inquiétudes quant à un éventuel risque d’évasion, compte tenu de l’état précaire des infrastructures carcérales.
Mais en attendant, l’affaire remet en question la qualité des personnes proposées et nommées à la tête de certaines entités politico-administratives, qui peinent à appréhender la gravité des enjeux sécuritaires et à prendre des décisions adéquates pour garantir la sûreté de la population.