L’affaire fait grand bruit au Kongo Central et suscite de nombreuses inquiétudes quant à la gestion du dossier d’un chauffeur de taxi qui a été sévèrement agressé au poste de péage de Kenge, dans le territoire de Songololo. Plusieurs sources dont le chauffeur accusent l’Administrateur du Territoire, Évariste Mukeba Kazadi, d’être l’instigateur de cette agression.
Dans une vidéo largement relayée sur les réseaux sociaux, notamment sur les plateformes de Kongo Média, la victime a livré un témoignage poignant, affirmant avoir été passée à tabac sur ordre de l’Administrateur du Territoire. Ce dernier est déjà cité dans plusieurs affaires et selon des témoignages où il agirait en toute impunité au sein de son administration.
Les faits remontent au jeudi 20 février soir. Le chauffeur de taxi, qui assurait la ligne Matadi – Kimpese, aurait eu une mauvaise conduite sur la route. Arrivé au péage de Kenge, il a été violemment battu par le chauffeur et le garde-corps de l’Administrateur. Il a perdu son argent et ses clients, contraints de changer de véhicule.
Face aux accusations, Évariste Mukeba Kazadi a nié les faits, avant d’affirmer s’être rendu sur les lieux le lendemain pour voir si la victime était toujours présente au poste de péage. Mais la polémique enfle et les autorités provinciales ont décidé de convoquer l’Administrateur à Matadi pour être entendu par les instances compétentes. Jusque là, aucune communication officielle après cette interpellation.
Tentative d’étouffement de l’affaire ?
Des révélations troublantes suggèrent une tentative de corruption afin de minimiser l’affaire. Selon Nelly Muinga, députée honoraire et notable de Songololo, l’Administrateur aurait proposé 80.000 francs congolais à la victime en échange d’une vidéo pour démentir les accusations.
« À tous ceux qui cherchent à disculper l’Administrateur du Territoire, j’aimerais poser une question : pourquoi a-t-il proposé un paiement de 80.000 francs congolais au conducteur agressé et lui a-t-il demandé de réaliser une vidéo pour démentir les faits ? N’avez-vous pas honte de défendre les actes d’une personne, même devant les médias, continue de mentir ? », s’interroge-t-elle.
Elle souligne également que le chauffeur blessé n’a toujours pas reçu de soins médicaux et que des témoins détiennent des preuves, notamment des enregistrements audio des négociations ayant suivi l’agression.
Pression des sanctions exemplaires
La députée honoraire appelle le Gouverneur Grâce Bilolo à agir rapidement à l’image des mesures prises récemment contre le Ministre de l’Intérieur dans une affaire similaire. « Nous ne voulons pas d’une politique à deux vitesses ! Nous exigeons le départ immédiat de cet Administrateur du Territoire ! Le Kongo Central doit rester un havre de paix. »
« J’aurais souhaité voir une vidéo de l’Administrateur présentant des excuses à la population plutôt que cette mascarade. Pour l’instant, la victime n’a toujours pas été soignée. Nous avons plus de dix témoins oculaires et des enregistrements audio attestant des faits. La vérité doit être révélée ! », a-t-elle conclu.
De nombreux habitants dénoncent le manque de sanctions contre l’Administrateur qui bénéficierait d’une protection politique en raison de son appartenance à l’UDPS, le parti présidentiel.