Invité à être auditionné par la commission Aménagement du Territoire, Infrastructures et Nouvelles Technologies de l’Information et de la Communication (ATI-NTIC) de l’Assemblée nationale, le ministre des ITPR, Alexis Gisaro, a été interpellé par Pierre Nsumbu Muntu Kalavo, député national et président du caucus des députés du Kongo Central, sur la problématique de cette route. L’élu de la circonscription électorale de Mbanza-Ngungu a exprimé son indignation au nom de la population du Kongo Central en général, et du territoire de Mbanza-Ngungu en particulier.
« Cette situation nous trouble profondément : amener le Président de la République sur place pour la pose de première pierre. Ça fait plus d’une année, la population continue à réclamer le début des travaux. Ne rien voir après plus d’une année, c’est gênant. Cela met mal à l’aise le Président et nous, les élus, qui devons répondre sans éléments concrets. C’est une occasion qui nous est donnée de savoir à quand le début des travaux ? Pourquoi ce blocage ? Qu’est-ce qui empêche l’avancée ? », s’est interrogé le député devant Alexis Gisaro.
Rappelons que le contrat de réhabilitation et de modernisation entre le gouvernement congolais et le consortium CRBC-Technovia pour la réhabilitation de la route reliant la bifurcation Kwilu-Ngongo (RN1) à Kimpangu (frontalier avec l’Angola), longue d’une centaine de kilomètres, a été signé en avril 2023 en présence de l’actuel ministre des ITPR, Alexis Gisaro, qui occupait déjà ce portefeuille à l’époque. Ce dernier avait même insisté sur le respect des délais pour l’exécution des travaux et la qualité requise selon les normes internationales.
La réhabilitation de cette route d’intérêt économique vise à répondre aux besoins des populations du territoire de Mbanza-Ngungu, tout en facilitant le commerce transfrontalier entre la République Démocratique du Congo et l’Angola.
Le flou sur le péage du Kongo Central
Profitant de cette occasion, le député Pierre Nsumbu a également interrogé le ministre sur la gestion du péage Kinshasa – Matadi par la SOPECO (Société du Péage du Congo, détenue par des Chinois). Il a exprimé son inquiétude face aux chiffres révélant près de 68 millions de dollars américains de recettes générées en 2023, contre 96 millions de dollars de dépenses engagées, soit un déficit annuel de 28 millions et une dette accumulée de plus de 142 millions de dollars.
« Vous avez simplement balancé des chiffres, et ceux-ci sont très inquiétants. Avec 68 millions en 2023, mais près de 96 millions de dépenses, on constate un déficit de 28 millions. De plus, la dette s’élève à plus de 142 millions… Pendant ce temps, la RN1 du Kongo Central se détériore ! Qui procède à ces évaluations ? Il y a manifestement un problème de transparence. Les chiffres présentés sont-ils réels ? », a-t-il insisté.
Le président du caucus des élus nationaux du Kongo Central a exigé que le ministre mette à disposition un rapport détaillé des évaluations et plaide pour des audits sur la gestion du péage et des décaissements. « Tant que nous n’intensifierons pas les missions de contrôle et les audits, on continuera à nous faire avaler des chiffres. Nous voulons aussi savoir à quand la prochaine évaluation des péages ? », a-t-il conclu.
Cette audition, axée sur les enjeux infrastructurels de la RDC, témoigne du rôle de contrôle du Parlement dans ce secteur clé pour le développement économique. Le ministre a promis de fournir des réponses ultérieures après consultation de ses services techniques. Les réponses du ministre des tutelles lors de la prochaine audition à la commission ATI-NTIC vont donner plus d’éclairages sur les raisons de la non-exécution des travaux et la gestion du péage du Kongo Central.