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Que doit-on retenir de l’emploi à l’ère de l’Intelligence Artificielle ?, s’interroge Bile Cédric

Véhicule sans conducteur, avion sans pilote, robot serveur dans un bar ou hôtel,… Ces faits ne doivent pas nous laisser coincer sur la trappe du 1er mai de chaque année : Marche de santé, bière et Ngulu ou Ntaba. Tribune de réflexion de l’économiste et chercheur BILE Cédric à l’occasion de la fête du travail célébré le 1e mai de chaque année.

On doit se demander quel est l’avenir d’un comptable ? Un Ouvrier de la manutention ? Un Traducteur ? Un Journaliste ? Un assistant médical et radiologue, Agent de banques et d’assurance ? Même le domaine régalien (la sécurité) par le canal de l’armée et la police, on remarque qu’on parle de moins à moins de l’effectif militaire par exemple car un drone va combattre à la place de 100 militaires. S’il faut être extrémiste, je dirai que même les prostituées sont menacées par IA.

En effet, depuis après covid-19, les choses s’accélèrent du côté de l’automatisation et la baisse des effectifs au travail, aussi le travail hybride et télétravail. À l’avenir, de nombreuses entreprises pourraient adopter des modèles de travail hybrides, combinant le travail à distance et en présentiel, ce qui pourrait influencer la manière dont les équipes collaborent. Et depuis le début de cette année 2025, on constate que les deux grandes puissances, USA et la Chine, se livrent à une course sans précédent concernant les STEM : Sciences, technologie, ingénierie, mathématiques.

Qu’en est-il des pays pauvres comme la RDC ?

Notons que le rythme de l’impact de l’IA sur l’emploi, jusque-là, n’est pas le même selon les régions (pays riches et pays pauvres). Dans les pays à faible revenu, le Congo par exemple, le temps d’adaptation ou de reconversion est assez long pour les gouvernements, les entreprises et les travailleurs. Un autre argument est que les réalités sont autres sur le marché du travail dans les pays pauvres. On peut, par exemple, constater qu’il y a trop d’emplois exigeant la force physique et l’interaction humaine, il sera donc difficile de renverser la tendance à court terme.

Encore, le manque d’accès à l’électricité et ou l’accès limité à l’internet peuvent justifier cet argument. Mais cela ne doit pas permettre au gouvernement, entreprises et travailleurs à passer plus du temps sous la couverture que d’anticiper l’avenir. Souvenons-nous du phénomène leapfrog (saute-mouton) ou Jumpfrog (saut de grenouille) selon lequel le retard du développement devient un avantage pour un pays (permettez-moi cet oxymore). Ceci s’est manifesté très rapidement dans le secteur financier dans les pays du sud, à un rythme très rapide, MPSA, Orange money et autres ont contribué à compacter le problème d’exclusion financière. Sans avoir ouvert un compte en banque, l’individu dispose de l’argent dans son téléphone.

Que doit faire le Gouvernement Congolais ?

Le gouvernement ne doit pas travailler seul, mêmes les parents qui me suivent doivent comprendre dans quelle section inscrire l’enfant au niveau secondaire ou dans quelle faculté à l’université ? Je dois aussi rappeler que l’IA ne va pas seulement détruire les emplois mais en créera aussi d’autres.

Pour ce faire, le gouvernement doit :

  • Continuer à revisiter le système éducatif. L’enseignement et la recherche doivent tendre vers l’innovation en lieu et place de former des gens comme des perroquets qui vont réciter le corbeau et le renard sans résoudre les problèmes de la société ;
  • Construire infrastructures numériques et électriques ;
  • Profiter de l’IA pour combler le déficit en capital humain. Par exemple dans le domaine de la santé, éducation ;
  • Souligner le rôle de l’université dans la recherche scientifique. Un Professeur doit actuellement réduire son temps d’enseignement et en augmenter pour le laboratoire ou centre de recherche ;
  • Octroyer des bourses et ou primes de recherche aux Chercheurs (En contrepartie, exiger les résultats de la recherche), et faciliter leur mobilité vers les pays du nord des échanges ;
  • Assoir la Collaboration internationale pour bénéficier aussi de la technologie, ceci n’est que la suite logique de la précédente suggestion ;
  • Soutenir les entrepreneurs ;
  • Etc…

Pour les Entreprises et les travailleurs, il faut :

Transformation des compétences : Les travailleurs devront s’adapter en apprenant de nouvelles compétences. Il faut organiser régulièrement la formation continue pour s’adapter tant soit peu car les compétences tant vantées autrefois tombent caduque. On parlera alors de la Requalification.

Par BILE Cédric est Economiste en formation à School of Economics and Management de SW Jiaotong University (Chengdu-Chine). Signalons aussi qu’il est passé par l’Université Kongo (Kongo-Central/ RDC), Confucius Institute Headquarters Hanban (Beijing/ Chine) et Southwestern University of Finance and Economics ( Sichuan/ Chine).

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