Le premier film projeté, intitulé « La Star », est un court métrage réalisé par Kevin Mavakala. Il met en scène les rêves, les désillusions et la quête de reconnaissance d’une jeunesse congolaise tiraillée entre ambition et réalité. Une œuvre sensible, qui offre un regard authentique sur les luttes et les espoirs d’une génération souvent confrontée à de grands défis sociaux et économiques.

Le second film, « Tongo Saa », réalisé par Nelson Makengo, natif du Kongo Central, expose quant à lui les réalités vécues par les Congolais face aux coupures persistantes d’électricité, alors même que le courant est produit à Inga, en RDC. Ce film documentaire a nécessité sept années de travail, dans des conditions parfois risquées, notamment en raison du contexte sécuritaire tendu autour des élections de 2018.
Lors d’un échange avec le public, Nelson Makengo a expliqué que l’idée du film est née en 2017, lors d’une visite au barrage d’Inga. Choqué par le contraste entre la puissance énergétique du site et les nombreuses coupures de courant subies par la population, il a voulu éveiller les consciences à cette situation devenue presque normale.
« L’idée de ce projet a commencé ici, dans le Kongo Central. Je suis venu visiter Inga en 2017. J’ai trouvé injuste que nous ayons Inga I et II, mais que nous vivions encore de tels désagréments. Le film a été tourné de nuit, à une période sensible, et vise à rappeler aux Congolais que cette situation n’est pas normale », a-t-il déclaré.
Le cinéaste a également précisé que « Tongo Saa », primé Étalon d’argent au FESPACO 2025, est l’aboutissement d’un long parcours cinématographique, précédé par la réalisation de sept courts métrages diffusés à l’international. À travers ses œuvres, il s’efforce de raconter l’histoire de la RDC sans tomber dans le piège de l’exploitation misérabiliste de la pauvreté.
Cette soirée cinématographique à Matadi a démontré toute la force du cinéma congolais lorsqu’il devient miroir de la société. Des films comme « La Star » et « Tongo Saa » ne sont pas que des œuvres artistiques : ce sont des cris du cœur, des actes de mémoire et des appels à la conscience collective.
Signalons que les projections de films sont organisées chaque week-end jusqu’au 30 juin, dans le cadre du projet Ciné Safari, une initiative itinérante qui allie projections de films et formations pratiques aux métiers du cinéma dans les zones rurales et périurbaines.