Après s’être tenu à Mbanza-Ngungu en 2021 et à Matadi en 2023, ce rendez-vous littéraire s’installe cette année dans une ville où l’accès aux infrastructures culturelles est limité. Les organisateurs espèrent ainsi toucher un public plus large, en particulier les jeunes. « Nous pensons que la littérature peut être une arme fatale pour combattre la guerre », explique Allegria Mpengani, initiateur du SALIK.
L’okapi, cet animal endémique du Congo, aux longues oreilles brunes et aux rayures blanches, est devenu le héros d’un livre de Julie Illongo. Son objectif ? Inciter les plus jeunes à la lecture en leur présentant la faune locale. « Quand j’étais à l’école primaire, je ne savais pas ce qu’était un okapi, ni un bonobo. Je me suis donc dit, pourquoi ne pas présenter ces espèces à ces enfants congolais pour qu’ils soient non seulement initiés à la lecture, mais aussi qu’ils comprennent mieux leur environnement ? »
Cette initiative est née du constat que les livres pour enfants sont encore trop rares au Congo. « Les livres adaptés aux enfants, qui leur parlent vraiment, sont peu nombreux. S’il faut en trouver, il faut attendre des livres qui viennent d’ailleurs. Ils coûtent très cher et ne sont pas à la portée des enfants », a ajouté Julie Illongo.
Un combat partagé par la poétesse Élodie Ngalaka, qui transmet sa passion aux plus jeunes. _« Quand je fais des ateliers d’écriture et que je vois le travail de certains élèves, je me dis : ‘Wow !’. J’espère que ces élèves-là continueront d’écrire, car ils pourraient devenir de grands écrivains. J’aime beaucoup encourager les jeunes parce que faire ce que l’on aime, ça rend heureux. »_
En effet, on ne compte qu’une trentaine de bibliothèques publiques dans toute la RDC, et elles sont souvent dépourvues d’ouvrages pour enfants et adolescents. Mais, ce salon veut rendre le livre accessible. En effet, la programmation de cette édition s’annonce riche en activités : lectures publiques, conférences-débats, ateliers littéraires, projections de films et animations théâtrales. Un marché du livre permettra également la distribution gratuite de centaines d’ouvrages aux écoles et centres de formation de la région.
Parmi les invités figurent Jessica Modua (éditions Mabiki), qui animera des ateliers de littérature jeunesse, le conteur Cire le Griot, ainsi que la poétesse Élodie Ngalaka et Alice Sakina. L’objectif est d’atteindre directement ou indirectement près de 4 000 enfants à travers les différentes activités. Grâce à des partenariats avec les écoles de la province, près de 3 000 écoliers participeront au salon.
Le coordinateur du SALIK, Allegria Mpengani Kutalu, explique l’un des objectifs principaux du salon : rendre les livres accessibles aux jeunes en province. « L’accès aux livres est très limité. Il n’y a quasiment pas de bibliothèques ou de centres culturels qui s’établissent en province. J’ai grandi dans une mission protestante où les missionnaires nous ont ouvert le monde de la littérature. J’ai donc eu envie de permettre à ces jeunes, mes cadets, d’avoir aussi cette chance de découvrir ce que la littérature peut leur apporter tout au long de leur vie. »
Organisé par l’association “J’accuse ma génération (JMG)”, le SALIK se veut un rendez-vous indépendant, autofinancé par ses membres et soutenu par des partenaires comme l’Institut français de Paris. Les organisateurs ambitionnent d’en faire une plateforme durable pour la promotion de la lecture, de la culture et de la paix.





