Radio

Levée de l’immunité du député Gilbert Salabiaku : entre respect des lois et accusations d’entrave à la défense

L’affaire qui oppose le député provincial Gilbert Salabiaku, élu de Songololo, au bureau de l’Assemblée provinciale du Kongo Central continue de faire couler beaucoup d’encre. L’élu accuse le bureau de lui avoir refusé son droit à la défense, tandis que les instances dirigeantes de l’Assemblée soutiennent que la procédure a été menée dans le strict respect des textes légaux.

Cette situation fait suite à un réquisitoire du Procureur général près la Cour d’appel du Kongo Central, transmis au ministre d’État en charge de la Justice et Garde des Sceaux, Constant Mutamba Ntungunga, et concernant plusieurs députés provinciaux. Si certaines affaires ont été classées sans suite, le dossier de Gilbert Salabiaku a particulièrement retenu l’attention des autorités judiciaires.

D’après nos sources auprès du bureau de l’Assemblée provinciale, après réception du réquisitoire, une réunion a été convoquée pour examiner la situation. À l’issue des discussions, il a été décidé d’inviter Gilbert Salabiaku à se présenter en personne ou à mandater un représentant pour récupérer une invitation officielle et échanger sur le sujet.

À lire | Papy Mantezolo à Grace Bilolo : « l’Assemblée provinciale va user de ses prérogatives de contrôle pour promouvoir la bonne gouvernance et lutter contre l’impunité »

Toutefois, l’élu de Songololo aurait refusé catégoriquement de répondre à cette convocation. L’Assemblée affirme que plusieurs relances téléphoniques lui ont été adressées et qu’une invitation lui a même été envoyée via WhatsApp, conformément aux pratiques courantes de l’institution. Malgré cela, Gilbert Salabiaku n’aurait pas donné suite à ces sollicitations et aurait adopté un langage peu courtois à l’égard du bureau, selon les mêmes sources.

Face à cette impasse, et conformément à l’article 93 du règlement intérieur, le bureau de l’Assemblée provinciale a statué d’office sur la demande de levée de l’immunité parlementaire du député. Cette disposition prévoit qu’en dehors des sessions, le bureau peut prendre une décision sur toute demande de levée d’immunité après avoir entendu le procureur général et le député concerné.

Le vote restreint du bureau

En raison de l’absence d’un de ses membres pour des raisons de santé, le vote a été restreint à quatre membres sur cinq. À l’unanimité, ces derniers ont validé la levée de l’immunité du député de Songololo, permettant ainsi à la justice de poursuivre son enquête.

De son côté, Gilbert Salabiaku dénonce une décision arbitraire, affirmant qu’il n’a jamais été informé officiellement des charges précises retenues contre lui. Il reproche également au bureau de ne pas lui avoir communiqué le contenu du réquisitoire, ce qui, selon lui, l’a empêché de préparer sa défense.

« Je ne suis pas parfait, mais du moins je fais l’effort d’être sérieux. Je n’ai jamais eu un problème avec une quelconque instance judiciaire. S’il y en a, c’est un montage de mauvais goût, tout ça pour chercher à me taire, mais celui qui cherchera à nuire à ma personne, le bon Dieu s’en occupera », a réagi le député Gilbert Salabiaku dans un forum WhatsApp des élus provinciaux. Tous les efforts fournis par la rédaction de Kongo Média pour avoir sa version sont restés vains.

L’affaire qui divise

En effet, le bureau de l’Assemblée provinciale réaffirme son engagement pour une institution “crédible et respectueuse” des lois. La rédaction Kongo Média a tenté de contacter le bureau de l’Assemblée pour en savoir plus sur le contenu du réquisitoire, mais nos sources nous ont rappelé qu’il n’est pas autorisé à divulguer son contenu en dehors des cadres légaux, par souci de confidentialité et pour éviter toute interférence avec la procédure judiciaire.

IMG 20250323 WA0022
Membres du Bureau de l’Assemblée provinciale du Kongo Central lors d’une plénière. Ph. Gouvernorat KC

S’il faut le rappeler, dans ses prises de parole, le président de l’Assemblée provinciale, Papy Mantezolo Diatezua, a toujours insisté sur la nécessité de respecter l’indépendance des pouvoirs législatif, exécutif et judiciaire, conformément aux principes de l’État de droit prôné par le président Félix Tshisekedi. Toutefois, il met en garde contre toute tentative de récupération politique ou de victimisation visant à décrédibiliser le bureau.

À lire | Papy Mantezolo lève l’équivoque sur l’utilisation des fonds du prêt accordé au gouverneur du Kongo Central

Il faut dire que cette décision de levée de l’immunité de l’élu de Songololo suscite des réactions contrastées au sein de la sphère politique du Kongo Central. Certains estiment que le bureau a scrupuleusement respecté les textes légaux, tandis que d’autres voient en cette démarche une tentative d’intimidation politique visant à écarter un élu gênant. Si Gilbert Salabiaku estime avoir été privé de son droit à la défense, le bureau de l’Assemblée soutient, de son côté, que toutes les démarches nécessaires ont été entreprises pour lui garantir une audience équitable.

Christelle Makengo

Articles similaires

Kongo Central : l’Assemblée provinciale et le Gouvernorat réfutent l’idée de la crise

La deuxième réunion inter-institutionnelle au Kongo Central s'est conclue dans la sérénité ce mercredi 27 novembre à Matadi. Elle a réuni les membres du nouveau bureau de l’Assemblée provinciale et le Gouverneur de province pour marquer la volonté affichée d'apaisement après des semaines de tensions. A l’issue de cette rencontre, les deux institutions ont réfuté l’idée d’une quelconque crise en province.

À Bruxelles, Carole Kiatazabu Itambo représente le Kongo Central au sommet international sur le leadership féminin

La province du Kongo Central a été dûment représentée sur la scène internationale lors du 3ᵉ sommet international sur le leadership féminin dans la consolidation de la paix. La Ministre provinciale des Hydrocarbures, Entrepreneuriat, Genre, Famille et Enfants, Carole Kiatazabu Itambo, a été honorée en tant que marraine de cet événement d’envergure mondiale, organisé au Sénat belge et au Parlement européen.

Kongo Central : sentence tombée contre les députés responsables du vandalisme à l’Assemblée provinciale

À la suite des violences survenues le 6 octobre 2025 dans la salle de plénières de l’Assemblée provinciale du Kongo Central, plusieurs députés identifiés comme responsables ont été sanctionnés. Sur base du rapport de la commission, quatre députés sont suspendus temporairement et deux autres sont rappelés à l’ordre et invités à respecter le Code de conduite de l’agent public.

Mfumu Difima Ntinu en médiateur de la crise au Kongo Central

Allons-nous vers la fin de la crise et vers la stabilité des institutions de la province, conformément aux souhaits du Chef de l'État, Félix Tshisekedi ? C’est la question qui est sur toutes les lèvres au Kongo Central après une journée marathon pour Sa Majesté Mfumu Difima Ntinu, autorité coutumière qui a, tour à tour, rencontré les deux responsables des institutions provinciales.

Kongo Central : une réunion inter-institutionnelle prévue ce mercredi pour consolider la stabilité et la cohésion provinciale (Billy Ntunga)

Après l’échec de la plénière du lundi 24 novembre, avortée faute de quorum en raison de la suspension de participation d'une frange de députés, le bureau de l'assemblée provinciale du Kongo Central tente d'apaiser les tensions. Son rapporteur, Billy Ntunga, a annoncé à la presse qu'une réunion inter-institutionnelle entre le bureau et le gouverneur de province est prévue pour ce mercredi 26 novembre à Matadi.

Kongo Central : une frange de députés suspend sa participation aux plénières à l’Assemblée provinciale

Depuis la rentrée parlementaire de la session de septembre 2025, l'Assemblée provinciale du Kongo Central traverse une période de turbulences. Une frange de députés provinciaux, issue de l'ancienne majorité et favorable au gouverneur Grâce Bilolo, a annoncé ce lundi 24 novembre la suspension immédiate de sa participation aux travaux en plénière. Ils dénoncent des dérives autoritaires et une série de violations systématiques du règlement intérieur orchestrées par le Bureau de l’institution.