Il a fallu plus de quatre heures d’échanges avec toutes les couches de la population pour discuter, sans tabou, de cette épineuse question de l’insécurité. Dans la salle polyvalente de la mairie, plusieurs personnalités ont pris part à la réunion et donné leurs points de vue en vue d’une solution définitive. La réunion s’est tenue en présence des députés provinciaux, des membres du gouvernement provincial, du comité local de sécurité, des autorités militaires et policières, des représentants des confessions religieuses, et d’autres parties prenantes.
D’entrée de jeu, le Gouverneur Grace Bilolo, a rappelé les efforts de son gouvernement depuis son avènement, notamment en dotant la police d’engins roulants pour améliorer leur mobilité. « Dès mon arrivée, j’ai fait de la sécurité ma priorité pour sécuriser la population de ma province. L’objectif de cette rencontre est de renforcer les mesures de sécurité dans la ville de Matadi », a-t-il déclaré, avant de souligner que la sécurité est une « affaire de tous», une responsabilité partagée entre les autorités et la population.
« Je tiens à vous rassurer que les services de sécurité n’ont pas relâché. Nous allons fournir encore plus d’efforts pour lutter contre cette insécurité. Cela demande beaucoup de moyens, beaucoup de stratégies… Avant, on comptait plusieurs morts à Matadi liés à l’insécurité, mais si nous avons la volonté de nous comprendre, nous remarquerons qu’il y a une baisse sensible des cas. L’insécurité vient rapidement, mais son éradication prend du temps. Nous ne restons pas inactifs face à cette question. Je vous rassure que nous continuons à travailler pour une solution définitive », a ajouté le Gouverneur.
À son tour, le maire Dominique Nkodia Mbete a dressé un tableau général de la situation sécuritaire de la ville, citant quelques cas isolés qui subsistent encore à Matadi. Il a expliqué que les groupes de jeunes délinquants, qui semaient la terreur, sont presque inexistants aujourd’hui. Cependant, certains jeunes, souvent mineurs, ont changé de mode opératoire, délaissant les machettes pour se procurer des armes de calibre 12.
« Des politiciens véreux veulent généraliser quelques cas isolés de la situation sécuritaire pour saper l’autorité du gouverneur de province. Nous continuons à redoubler d’efforts. À titre d’exemple, en juin, plus de 70 inciviques ont été arrêtés. À la mi-juillet, une cinquantaine d’autres, y compris ceux qui ont assassiné un vendeur de chaussures à Nzanza, sont également sous les verrous », a indiqué le maire.
Les 12 mesures adoptées :
- Déploiement des éléments de la police dans toute la ville pour des patrouilles mixtes ;
- Retrait des détachements de policiers affectés aux institutions, sauf celles financières ;
- Renforcement des patrouilles conjointes entre la PNC et la police militaire (PM) ;
- Installation de barrières nocturnes dans certains quartiers pour traquer les suspects jusqu’à 4h du matin, durant trois mois ;
- Réglementation de la circulation nocturne des motos : celles non identifiées ne pourront circuler que jusqu’à 23h ;
- Organisation hebdomadaire des réunions des comités locaux de sécurité au niveau des avenues, des communes, de la mairie et de la province ;
- Installation de nouveaux postes de police (CIAT) dans divers quartiers de la ville ;
- Identification d’informateurs pour fournir des renseignements à la FARDC et à la PNC, afin de renforcer le rôle des chefs d’avenue ;
- Organisation, toutes les 48 heures, de procès en audiences foraines pour les inciviques arrêtés ;
- Appel à la dénonciation des personnes suspectes dans les quartiers ;
- Identification par l’ANR des porteurs d’armes de type calibre 12 ainsi que de leurs fabricants ;
- Fixation d’une heure limite pour la fermeture des débits de boissons.
Le gouverneur a précisé que cette démarche ne se limitera pas à Matadi. D’autres conseils de sécurité élargis sont prévus dans différents coins du Kongo Central, pour adapter les solutions aux réalités locales. Il a également annoncé qu’un budget important a été débloqué pour assurer l’exécution effective de ces mesures.