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Insécurité à Boma : la suspension des chefs de police confirme la proposition de Me Clinton Bamana

Trois mois avant la suspension de hauts responsables de la police à Boma, la Fondation Clinton Bamana avait déjà tiré la sonnette d’alarme. En mai 2025, face à la montée inquiétante de l’insécurité, la fondation avait mis en lumière de possibles complicités au sein des services de sécurité. L’analyse de Me Clinton Bamana, président de fondation, trouve aujourd’hui une confirmation nette dans la décision prise par le gouverneur de province.

Le 12 mai 2025, confrontée à la recrudescence des actes de violence, la Fondation Clinton Bamana avait publié une déclaration pour exhorter les autorités à agir rapidement. Parmi ses recommandations précises, figurait celle de « procéder à la permutation des responsables sécuritaires de la ville, dans un souci d’efficacité et pour dissiper les soupçons de complicité passive ou active souvent évoqués ».

Cette recommandation prend aujourd’hui tout son sens. La suspension, le 28 août dernier, de plusieurs hauts cadres de la police de Boma et de Muanda par le gouverneur Grâce Nkuanga Mansuangi Bilolo, vient corroborer les préoccupations de la fondation. Motivée par le laxisme et l’incompétence de ces responsables, cette décision s’inscrit clairement dans une démarche de renouvellement du personnel sécuritaire.

Ces suspensions pourraient bien être le prélude à une restructuration plus profonde, nécessaire pour rompre avec un système défaillant. La criminalité avait atteint un tel niveau que la population manifestait ouvertement sa méfiance envers les forces de l’ordre. L’absence de résultats tangibles avait nourri les soupçons, et la frustration a dégénéré en émeutes violentes le 28 août, causant la mort de cinq personnes et de nombreux blessés.

Au-delà des permutations, la Fondation Clinton Bamana avait aussi proposé la création de nouveaux commissariats dans les zones les plus touchées, telles que Saïco/ISP, Terre rouge, Kamanda-Malombo et Ferme. Cette initiative, qui vise à rapprocher la police des citoyens, reste un défi majeur à relever. L’implantation de ces unités pourrait dissuader les malfaiteurs et rassurer la population.

Par ailleurs, un autre problème sérieux subsiste dans la ville : la zone située entre Boma et le Kilomètre 8 (KM8) dépend encore du territoire de Moanda, alors que ses habitants vivent en réalité à Boma. Cette situation engendre un vide sécuritaire puisque le maire de Boma ne peut pas intervenir en cas de criminalité dans cette zone, faute de compétence territoriale. L’autorité territoriale de Moanda paraît éloignée des réalités vécues par ces populations, ce qui complique la gestion locale et la protection des habitants.

Il devient donc impératif de revoir ce découpage territorial pour intégrer cette zone à la ville de Boma. Cette modification permettrait aux habitants de bénéficier pleinement des actions menées par la mairie et renforcerait leur proximité avec leurs autorités locales. Une telle révision s’inscrit pleinement dans l’esprit de la décentralisation, en rapprochant les citoyens de leurs représentants et en assurant une meilleure sécurité pour cette partie de la ville.

Reste à savoir si les autorités auront la volonté politique d’aller jusqu’au bout des recommandations avancées par la fondation, notamment en dotant la police de moyens logistiques modernes. Les solutions pour redresser la situation sécuritaire à Boma sont sur la table, il ne manque plus que leur mise en œuvre pour restaurer la paix et la confiance entre la population et ses forces de sécurité.

Reagan Nsiese

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