Cette ouverture au dialogue est salutaire, car elle révèle une problématique importante concernant la gestion administrative et sécuritaire de Boma Bungu, qui suscite un profond malaise chez ses résidents. Le rapprochement administratif entre cette localité et la ville de Boma pourrait offrir un cadre propice à une meilleure gouvernance. L’élue de Boma a simplement rappelé que toute modification administrative doit impérativement partir d’une expression populaire formalisée et débattue aux niveaux provincial et national. Ce processus garantit la légitimité des décisions et leur conformité aux règles démocratiques.
Cependant, l’enjeu prioritaire demeure l’insécurité qui règne dans cette partie du territoire et que les habitants qualifient d’ « insupportable ». « Boma Bungu est devenue une passoire », affirment-ils. Les autorités de Muanda ont la responsabilité de trouver des solutions durables pour sécuriser cette partie sous peine de perdre leur légitimité et de nourrir le mécontentement de la population.
Concernant cette annexion, la députée nationale a précisé qu’il s’agit d’une demande portée par la population du Kilomètre 8 (KM8), qui regroupe 13 cellules, exprimée clairement par ses notables, ses jeunes et la société civile. Son rôle était d’expliquer aux populations la procédure administrative à suivre.
Forte de son expérience d’ancienne maire de Boma, Marie-Josée Niongo Nsuami a rappelé que la ville a toujours connu des processus similaires d’intégration et d’expansion territoriale. Elle a notamment cité l’origine de la ville, issue d’anciennes terres coutumières du secteur de Boma Bungu devenues centres extra-coutumiers, et les cas d’intégration de certains villages et quartiers dans différentes communes au fil du temps.
Aucune partie de Muanda ne sera cédée
Même si Marie-Josée Niongo Nsuami précise que son rôle n’est pas de trancher mais d’accompagner la volonté du peuple, des voix s’élèvent pour contrer cette initiative. En réponse, le député provincial Jean Kimboko Ndombasi considère cette démarche comme une menace pour l’intégrité territoriale de Muanda, sa circonscription électorale.
En effet, Jean Kimboko Ndombasi dénonce ce qu’il qualifie de décision unilatérale et fustige « un manque de respect envers la population du territoire de Muanda ». Il rappelle qu’un tel sujet qui touche à l’intégrité administrative du territoire requiert une méthode, une concertation et un respect des procédures plutôt que des déclarations unilatérales. Il exige également des excuses de la part de la députée.
En outre, l’élu de Muanda invite le Vice-Premier ministre, ministre de l’Intérieur, à réexaminer les rapports du gouverneur du Kongo Central sur la gestion des entités territoriales, documents qui décrivent selon lui des dysfonctionnements nécessitant une évaluation rigoureuse et sans complaisance des animateurs en place. Cet élu appelle le gouvernement à tirer toutes les conséquences de ces rapports pour restaurer l’autorité de l’État là où elle fait défaut.
Notons que cette situation rappelle celle de la cité N’sele, dans le territoire de Mbanza-Ngungu, où les conflits sécuritaires sont souvent gérés par des renforts venus du territoire voisin de Madimba. Cela démontre clairement la complexité des enjeux territoriaux, surtout quand ils se croisent avec des questions sécuritaires et électorales.
La question de la délimitation administrative au Kongo Central, entre territoires, villes et communes, est donc un débat sérieux et nécessaire. Ce ne sont pas de simples querelles frontalières, mais un enjeu important pour le bien-être des populations, la paix sociale et le développement harmonieux.
Il est temps que tous les acteurs (élus, autorités locales et provinciales, ainsi que la population) travaillent ensemble pour dépasser leurs divisions et construire un environnement stable et sûr. Le peuple Mukongo ne peut plus supporter une insécurité perpétuelle liée à des questions territoriales non résolues.
Le dialogue doit être mené avec transparence, dans le respect des procédures, et avec la détermination claire de mettre fin à l’anarchie qui mine certains secteurs. Seule une gouvernance locale claire et efficace et une délimitation administrative précise permettront de restaurer la confiance citoyenne.
Boma Bungu doit retrouver la sérénité et la sécurité. Pour cela, il faut dépasser les malentendus et s’engager dans la voie constructive que la députée Marie-Josée Niongo Nsuami a courageusement rappelée.