Depuis le lancement des travaux du port en eau profonde de Banana, l’accès à l’embouchure du fleuve Congo, un site à la fois historique et touristique, est interdit au public. Cette mesure, prise pour sécuriser le chantier, est cependant vivement ressentie comme une restriction du droit de circulation et une atteinte au patrimoine national par plusieurs habitants et visiteurs.
Cette décision a également un impact pour les motocyclistes de ce coin. Verlin Ngoma, l’un d’eux, témoigne. « Avant, quand nous transportions des visiteurs et des pêcheurs vers l’embouchure, nos recettes journalières étaient stables. Depuis cette interdiction, nos entrées ont baissé. Les gens préfèrent aller à la plage, ce qui représente pour nous un manque à gagner. Aujourd’hui, le transport vers la plage varie entre 2 000 et 5 000 FC, selon l’endroit où le client nous trouve. »
Face à ces préoccupations, Goyo Sengo Sengo Kaniki Fabrice, analyste et cadre du mouvement religieux Bundu Dia Kongo (BDK), rencontré sur place à Muanda, n’a pas manqué d’appeler la population au calme et au soutien des autorités. Il invite la population à comprendre que la restriction d’accès vise avant tout à protéger et sécuriser le chantier du port, une infrastructure stratégique destinée à améliorer le développement économique de la RDC.
« Ce n’est pas une privation pour les Congolais. Le gouvernement veut rendre cette zone plus bénéfique et mieux aménagée. L’accès libre pourrait exposer le chantier à des risques, notamment la diffusion d’images manipulées pour nuire à l’État. Dans tous les chantiers, il y a la mention “accès interdit” afin d’assurer la sécurité », dit-il.
Arrêt des travaux du boulevard
Autre source de mécontentement est l’arrêt des travaux du boulevard du 30 Juin, lancés en début d’année par le gouverneur de province, entre la place dite « Rawbank » et l’aéroport en passant par l’hôpital général de référence. Ces travaux, qui visaient à moderniser cette artère, connaissent des ralentissements et arrêts répétés, ce qui provoque l’irritation de la population et des conducteurs.
À ce sujet, Goyo Sengo recommande la patience tout en saluant les efforts du gouverneur de province, Grâce Nkuanga Masuangi Bilolo. Il rappelle les nombreux chantiers en cours sur l’ensemble du territoire et justifie les interruptions temporaires par l’ampleur des travaux à réaliser. « Le gouverneur ne travaille pas uniquement pour son fief, mais pour toute la province. Cette route est restée plus de 30 ans sans être asphaltée. Les arrêts observés ne doivent pas susciter d’inquiétudes. »
Face à ces deux polémiques, l’analyste insiste sur la nécessité de la compréhension et du soutien envers les autorités afin de garantir la poursuite des projets considérés comme essentiels au développement futur de Muanda et du Kongo Central. Tous les efforts fournis pour joindre les autorités compétentes de Muanda et les gestionnaires de l’embouchure sont restés vains.