L’autorisation donnée par l’Assemblée Provinciale du Kongo Central au Gouverneur de solliciter un crédit de 15 millions USD auprès d’une banque est au cœur des débats. Pour certains, cette somme est colossale pour une province déjà endettée, et pour d’autres, ce prêt est essentiel pour soutenir la gouvernance de Grace Nkuanga Masuangi Bilolo. Dans cet éditorial, Kongo Média analyse, de manière générale, les enjeux d’une gestion efficace d’un crédit, particulièrement pour une province.
Crédit, comme levier stratégique
Dans un contexte où les provinces font face à des défis croissants, le recours à un crédit bancaire peut apparaître comme une solution stratégique, bien que souvent controversée. Pour un gouvernement provincial, un crédit bien géré représente à la fois une réponse immédiate aux besoins urgents et un levier essentiel pour impulser le développement socio-économique.
L’obtention d’un prêt pour un gouvernement provincial n’est pas en soi illégal. En effet, la Constitution du 18 février 2006, en son article 204, autorise les provinces à contracter des emprunts. “Les emprunts intérieurs pour les besoins des provinces” constituent une des matières laissées à la compétence des provinces. Cette disposition confère aux gouverneurs de province la possibilité de solliciter des crédits, sous réserve de l’autorisation préalable de l’Assemblée provinciale. Dans le cas du Kongo Central, cette procédure a été respectée.
Financer des infrastructures essentielles
Les infrastructures notamment les routes, les hôpitaux, les écoles, les marchés,… sont indispensables au développement d’une province. Cependant, les budgets provinciaux, souvent limités, ne suffisent pas à couvrir les besoins colossaux. Le recours à un crédit permet de financer rapidement des projets structurants sans attendre des procédures budgétaires longues ou incertaines.
Par exemple, des investissements dans les routes de dessertes agricoles dans l’ancien district de Lukaya pourraient désenclaver les territoires de Madimba, Kasangulu et Kimvula, stimulant ainsi les échanges commerciaux et augmentant les revenus fiscaux de la province. Ce type de projet illustre le rôle d’un crédit comme catalyseur du développement économique et social.
Un outil pour renforcer l’autonomie financière
Un crédit bien investi peut permettre à une province de générer des revenus additionnels. Par exemple, en développant des marchés modernes, des infrastructures de péage ou des installations industrielles, la province peut accroître ses recettes internes. Ces revenus peuvent non seulement rembourser le crédit, mais aussi financer d’autres initiatives prioritaires.
A cela, il faut également compter sur les recettes générées par les régies provinciales, comme la Direction générale des recettes du Kongo Central (DGRKC) qui joue également un rôle clé dans la collecte des recettes. Une gestion efficace de ces ressources contribue à renforcer l’autonomie financière de la province, réduisant sa dépendance aux allocations du gouvernement central.
Discipline et responsabilité
Cependant, contracter un crédit implique une discipline financière stricte. Les conditions de remboursement exigent une planification budgétaire rigoureuse, un suivi précis des projets et une gestion transparente des fonds publics. Une gestion responsable encourage également les autorités à moderniser leurs mécanismes de collecte des recettes fiscales.
À l’inverse, un crédit mal géré peut rapidement devenir un fardeau, aggravant l’endettement et compromettant les ressources futures. La transparence dans l’utilisation des fonds, le choix judicieux des projets à financer et une évaluation rigoureuse de la capacité de remboursement sont essentiels pour éviter ces écueils.
Un crédit bien encadré, négocié dans des conditions favorables et utilisé à bon escient, est un outil puissant pour accélérer le développement d’une province. Il permet de répondre aux besoins urgents des populations tout en posant les bases d’une prospérité durable. Cependant, son succès repose sur une gestion rigoureuse, une transparence totale et une vision claire des priorités.
En somme, l’Assemblée provinciale, souvent critiquée pour son manque de vigilance et laxisme, doit pleinement exercer son rôle de contrôle. L’article 40 de la loi n°08/012 relative à la libre administration des provinces stipule que : « L’Assemblée provinciale est également habilitée à exercer un contrôle a priori ou a posteriori sur certains actes déterminés du Gouvernement provincial. Sont soumis à autorisation préalable : l’émission d’emprunt et la signature d’un accord de prêt ; (…) ».