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Des pratiques mafieuses au péage de Kasangulu font perdre beaucoup d’argent à l’État

Le péage de Kasangulu, situé dans le territoire éponyme au Kongo Central, est l’un des principaux points de perception de la taxe routière en République Démocratique du Congo (RDC). Cette importance s’explique par l’intense trafic sur la Route Nationale n°1, reliant Kinshasa à Matadi. Logiquement, les recettes générées par ce péage devraient être conséquentes. Pourtant, l’état des infrastructures, les conditions de travail du personnel et surtout la dégradation visible de la chaussée, avec ses nombreux nids-de-poule, suscitent de nombreuses questions sur la gestion de ces fonds.

Selon une enquête menée par le journal Forum des As, la gestion du péage de Kasangulu est entachée d’irrégularités compromettant son efficacité. L’un des problèmes majeurs identifiés est l’absence totale de transparence dans la collecte et l’utilisation des recettes. De nombreux agents chargés de la perception des taxes détourneraient une partie des fonds au détriment du Trésor public. Cette situation sabote non seulement les efforts du gouvernement pour maximiser ses revenus, mais contribue également à l’état déplorable de cette route essentielle pour l’économie congolaise.

Par ailleurs, le journal kinois met en évidence des conditions de travail insalubres. Il n’existe aucune infrastructure digne de ce nom pour les usagers et le personnel du péage. Aucune latrine moderne n’est disponible, obligeant ainsi les passagers à se soulager dans la nature, ce qui favorise la propagation de maladies. L’absence de services de restauration ou de cafétérias complique encore plus la situation, contraignant les voyageurs à se nourrir sur le pouce et à jeter leurs déchets aux abords de la route, contribuant ainsi à la pollution de l’environnement.

De quoi s’agit-il exactement ?

Selon les témoignages recueillis par ce média, les conducteurs de gros véhicules, généralement des remorques transportant les marchandises de certains opérateurs économiques, se permettent d’embarquer les effets d’autres clients, dépassant ainsi les charges autorisées. Pour dissimuler cette fraude, ils ont mis en place un mécanisme secret : ils s’arrangent avec les propriétaires de véhicules à trois roues pour décharger l’excédent de marchandises avant la pesée au péage. Une fois cette opération terminée, ces véhicules rechargent les remorques, permettant ainsi de payer moins que ce qu’ils devraient réellement. Cette mafia profite aux conducteurs de remorques et aux agents du péage qui sont au courant de ces actes répréhensibles, car ils se déroulent sous leurs yeux.

Un manque à gagner pour la province

Au-delà des dysfonctionnements internes, le péage de Kasangulu aurait dû être un moteur de développement pour les communautés locales. Or, d’après cette enquête, ni la province du Kongo Central ni le territoire de Kasangulu ne bénéficient de cette “machine à sous”. Aucune activité économique notable n’a émergé autour de cette infrastructure, qui aurait pourtant pu générer des emplois et dynamiser le territoire.

En principe, une partie des recettes issues du péage devrait être réinvestie dans l’amélioration des infrastructures routières, mais il est évident que la route Kinshasa-Matadi continue de se dégrader, augmentant ainsi les risques d’accidents et ralentissant les échanges commerciaux entre la capitale et les principaux ports du pays.

Un appel à la responsabilité des autorités

Face à ces multiples dysfonctionnements, les autorités nationales et provinciales doivent prendre des mesures urgentes. Les élus du Kongo Central, qu’ils soient nationaux ou provinciaux, doivent exiger des comptes et s’assurer que les recettes du péage soient correctement utilisées pour l’entretien de la route et l’amélioration des conditions de travail du personnel.

Il est impératif d’instaurer des mécanismes de contrôle plus rigoureux pour lutter contre la fraude et garantir une gestion efficace des ressources générées par ce poste stratégique. Sans une intervention rapide, le péage de Kasangulu continuera d’incarner une opportunité gâchée et un manque à gagner considérable pour l’État congolais. La mise en place de la Direction de Contrôle des Recettes des Péages et de Pesage sur la Route Nationale n°1 (DICOREP–RN1) pourrait aider à relever ce défi.

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