Radio

Kongo Central : l’IGF met à nu une gestion opaque de 10 millions USD par le Comité de Gestion des Fonds Muanda (CGFM)

Un rapport de l’Inspection Générale des Finances (IGF) révèle des irrégularités flagrantes dans la gestion de 10 millions de dollars alloués au Comité de Gestion des Fonds Muanᴅa, CGFM en sigle. Il ressort de ce rapport que le fonds de 10.000.000 USD a été viré sur le compte First Bank DRC de la CGFM, en date du 20 juillet 2023, en provenance d’un compte du Bureau Central de Coordination, « BCECO ». Il sied de relever que, de juillet 2023 jusqu’à juin 2024, le fonds de 10 millions de dollars avait été totalement affecté. Par conséquent, en date du 4 juin 2024, le compte susmentionné ne présentait qu’un solde de 4.692,40 USD.

Depuis le 4 février 2025, l’Inspection Générale des Finances (IGF) a rendu public les résultats de son enquête sur la gestion d’un financement public de 10 millions de dollars américains destiné au développement local du territoire de Muanda, dans la province du Kongo Central. Cette somme avait été confiée au Comité de Gestion des Fonds Muanda (CGFM), une structure rattachée au ministère des Hydrocarbures. Dans ce rapport détaillé de 27 pages, dont Kongo Média a pu consulter une copie, l’IGF révèle de graves irrégularités dans l’utilisation des fonds.

Tout commence le 20 juillet 2023, lorsqu’un montant de 10 000 000 USD est transféré depuis le Bureau Central de Coordination (BCECO) vers un compte de First Bank DRC au nom du CGFM. L’objectif est de financer la réalisation d’ouvrages d’intérêt public à Muanda, dans le cadre d’un partenariat entre l’État congolais et la société pétrolière PERENCO, active dans la région.

Mais selon les conclusions de l’IGF, les fonds ont été gérés de manière non transparente, irrégulière, et potentiellement frauduleuse. En moins de deux ans, la quasi-totalité de la cagnotte a été engloutie, sans que les résultats escomptés ne soient visibles sur le terrain. Au 4 juin 2024, le solde du compte était tombé à seulement 4 692,40 USD, soit une perte de plus de 99 % du montant initial.

Le rapport de l’IGF fait état de nombreux manquements graves à la législation financière et à l’éthique de gestion publique. D’entrée de jeu, l’IGF souligne l’absence d’un cadre juridique clair. Selon ce rapport, le CGFM ne dispose d’aucun acte légal fondant officiellement son existence ou définissant ses missions avec précision. De plus, les projets inachevés entièrement financés représentent plus de 408 000 USD. Cette somme a été versée pour des projets qui, à ce jour, ne sont toujours pas achevés, laissant planer un doute sur leur exécution réelle.

Parmi les failles relevées par l’IGF figurent des décaissements massifs en espèces. Plus de 3 millions USD ont été retirés en liquide, en violation des règles de décaissement bancaire en vigueur en RDC, ce qui ouvre la porte à des malversations non traçables. L’IGF mentionne également des paiements injustifiés d’un montant de 1 222 630 USD, déboursés sans aucun justificatif valable. Cette somme comprendrait des frais personnels et des paiements à des individus ou entités sans lien clair avec les projets prévus.

Des dépenses extravagantes et injustifiables sont aussi pointées du doigt. L’IGF dénonce notamment 300 000 USD alloués à des “manifestations et cérémonies diverses”, sans documents de justification, 275 000 USD versés à la présidente du CGFM au titre de “frais de cérémonies”, ainsi que le recrutement irrégulier d’un superviseur, sans appel d’offres ni contrat formel.

Au regard de ces dérives, l’Inspection Générale des Finances propose une série de mesures correctives immédiates, dont l’annulation de la décision ministérielle ayant permis la création du CGFM, la limitation stricte du rôle du comité à l’exécution des projets validés uniquement, la recomposition du CGFM, sur base de compétences avérées et de critères de transparence, le transfert de la gestion des projets à des institutions publiques habilitées et expérimentées (telles que le BCECO ou l’OVD), et le remboursement intégral des sommes non justifiées par les personnes impliquées.

Notons qu’à Muanda, plusieurs voix s’élèvent pour dénoncer l’absence d’impact concret sur le bien-être des communautés locales malgré l’exploitation pétrolière intensive dans le territoire. Les conclusions de l’IGF viennent une nouvelle fois mettre en lumière l’impunité et la mauvaise gestion qui gangrènent certaines institutions. Reste à savoir si ces conclusions seront respectées.

Reagan Nsiese

Articles similaires

Ouverture à Matadi de “Quality Days”, une rencontre pour promouvoir l’écosystème entrepreneurial au Kongo Central

Après les villes de Lubumbashi et Kolwezi, Matadi accueille le "Quality Days", une rencontre économique qui vise à promouvoir l’écosystème entrepreneurial dans la province du Kongo Central. Le coup d’envoi a été donné ce vendredi 4 juillet dans la salle Le Beni. Prévue pour deux jours, cette rencontre vise à créer et renforcer l’écosystème des entrepreneurs qui évoluent dans la province, mais aussi à favoriser leur interconnexion avec d’autres opportunités, à l’échelle nationale ou internationale.

“Quality Days” aura bel et bien lieu à Matadi du 4 au 5 juillet 2025, confirme Christ Gayenga Christian

“Quality Days” se tiendra les 4 et 5 juillet 2025 à Matadi. L'organisateur de l’événement, nous en dit plus dans une interview sur les préparatifs, les temps forts attendus et l’ambition portée pour le Kongo Central.

RDC : Mukoko Samba présente le couloir vert Kivu-Kinshasa et le corridor de Lobito aux patronats francophones

Le vice-Premier ministre et ministre de l’Économie nationale, Daniel Mukoko Samba, a présenté aux dirigeants d’entreprises francophones les projets stratégiques du Couloir vert Kivu-Kinshasa et du Corridor de Lobito, lors d’un dîner de gala organisé par la Fédération des entreprises du Congo (FEC) le week-end dernier à Kinshasa. Ces deux initiatives visent à stimuler les investissements et à créer de nouvelles zones de développement économique en RDC.

Naissance de “Kivuvu”, une joint-venture RDC – Japon pour le manganèse du Kongo Central signée à Osaka

Le développement minier de la République Démocratique du Congo a franchi une étape lors du forum d’affaires RDC – Japon à Osaka. Placé sous le thème "Investir en RDC"et présidé par la Première Ministre Judith Suminwa Tuluka, l'événement a vu la signature d’un mémorandum d’entente historique qui donne naissance à une joint-venture entre la société congolaise Kerith Resources Ltd. et la japonaise Asia Mineral Limited (AML). Cette alliance stratégique cible l’exploitation et la transformation du manganèse dans la province du Kongo Central.

Sommet sur le Plan Mattei et le Global Gateway : la Première Ministre Judith Suminwa plaide pour un partenariat gagnant-gagnant

Le sommet sur le Plan Mattei et le Global Gateway s’est achevé ce vendredi 20 juin 2025 à Rome, en Italie, sur une note d’espoir et de coopération renforcée entre l’Europe et l’Afrique. Plusieurs accords ont été conclus au terme de cette rencontre de haut niveau organisée dans la Ville éternelle, marquant une nouvelle dynamique dans les relations euro-africaines.

RDC : le port de Banana sera opérationnel dans 20 mois, rassure DP World

Le port en eaux profondes de Banana situé à Muanda, dans le Kongo Central sur la façade atlantique de la RDC, sera opérationnel dans 20 mois, soit au premier trimestre de l'année 2027. Ces précisions ont été données au Vice-premier ministre, ministre des Transports, voies de communication et désenclavement, Jean-Pierre Bemba, lundi 16 juin 2025 à Kinshasa, au cours d'une réunion de travail, par Jorge Rico, directeur général de DP World RDC, l'entreprise qui exécute les travaux.