Ce départ intervient dans un contexte de fortes tensions politiques et judiciaires. Dans sa lettre, l’ex-ministre affirme être victime d’un « complot politique » visant à l’écarter du gouvernement pour bloquer les réformes engagées au sein de l’appareil judiciaire congolais. Il dénonce également des tentatives d’empoisonnement ainsi que des pressions liées à ses prises de position contre les membres de l’AFC/M23, qu’il relie directement à Kigali.
Le 29 mai dernier, l’Assemblée nationale a autorisé l’ouverture d’une enquête judiciaire à son encontre. Cette décision fait suite à un rapport d’une commission spéciale ayant examiné des soupçons de détournement de fonds publics. Il est reproché à l’ancien ministre d’avoir facilité, en violation des procédures, le décaissement de près de 39 millions de dollars destinés à la construction d’une prison à Kisangani (Tshopo). Le marché aurait été attribué à une entreprise nouvellement créée, Zion Construction SARL, sans respecter les règles de passation des marchés publics établies par la DGCMP, ni obtenir l’aval formel de la Première ministre.
À peine cette affaire lancée, une nouvelle procédure a été ouverte contre lui pour « outrage aux corps constitués » et « incitation au non-respect de l’autorité publique », suite à des propos critiques qu’il aurait tenus à l’encontre du Procureur général lors d’un rassemblement au Palais de Justice. L’ex-ministre de la Justice rejette catégoriquement toutes les accusations portées contre lui.
« Je n’ai jamais compromis mes valeurs. Je n’ai pris aucun dollar de l’État », a-t-il affirmé.
« Ainsi, j’ai accompli, tant soit peu, mon devoir. En tant que républicain respectueux de la Constitution et des lois de notre pays, je vous remets ce jour, non sans regret, ma démission pour faire face à ce complot politique, dont se revendiquent le ministre rwandais des Affaires étrangères, qui a jubilé à travers son tweet, ainsi que les responsables de l’AFC/M23, dont l’objectif ultime est d’obtenir mon élimination. »
Son parti, la Nouvelle Génération pour l’Émergence du Congo (NOGEC), en particulier sa branche du Kongo-Central, dénonce une persécution politique. Il appelle au respect du principe de l’État de droit et exige l’arrêt des poursuites à l’encontre de leur leader.
Dans sa lettre de démission, Constant Mutamba a énuméré plusieurs réalisations accomplies durant son mandat, notamment : la réhabilitation des victimes de spoliation, la digitalisation du système judiciaire, la réforme des marchés publics, la modernisation des prisons, le soutien à l’investissement, ainsi que la lutte judiciaire contre l’agression rwandaise.
En dénonçant une campagne d’acharnement orchestrée par des forces hostiles à une justice indépendante, Constant Mutamba promet de poursuivre le combat pour une justice libre et équitable, affranchie de toute interférence politique.