Deux ans de covid-19 et en plein relèvement de cette crise sanitaire, le contexte international se dessine très mal avec le conflit Russo-Ukrainien. Le battement d’ailes d’un papillon à l’Est de l’Europe provoque l’électrochoc dans plusieurs pays et plusieurs secteurs de l’économie et chaque économie doit faire des anticipations adaptatives et rationnelles.
Déjà à l’aube de la guerre, l’Ukraine limite les exportations de plusieurs produits agricoles (blé, avoine, volailles, œufs…) pour en imposer une autorisation ou un quota. Comme les exportations des un font les importations des autres et vice versa, les échanges se rétrécissent chaque jour.
La Russie et l’Ukraine étant grands acteurs dans le commerce des matières premières agricoles, notons par exemples qu’ils représentent à eux deux 30% des exportations mondiales de blé et d’orge, 20% pour le mais, les engrais minéraux et le gaz naturel et 11% pour le pétrole. C’est clair que cette situation doit influencer les prix des produits alimentaires comme insiste le Programme Alimentaire Mondial (PAM). De son côté, l’Organisation de Coopération et Développement Économique (OCDE) estime déjà que la croissance économique mondiale est et sera affectée.
La question sur l’énergie, le pétrole demeure préoccupante à cause de cette crise, que devons nous retenir ?
Le pétrole est une consommation intermédiaire pour produire des biens et services. Si le prix du pétrole augmente, le cout de production augmente, les prix sur le marché s’enflamment et les profits baissent. Le pouvoir d’achat est réduit, la consommation suit le rythme, la demande baisse et c’est un choc énorme.
La hausse du prix du pétrole peut faire penser au choc pétrolier des années 70. Mais la chance que nous avons aujourd’hui est que les économies développées sont moins dépendantes et moins énergivores comme elles l’étaient durant la décennie 70 et cela grâce au progrès technique.
Aussi, il y a beaucoup de modifications de rapport de force au commerce international issu de ce choc de la décennie 70, après lequel la position de beaucoup de pays qui étaient très fermés aux autres mais ont changé avec la vague de désenclavement, déréglementation…. Cela était bénéfique pour les pays tels que Chine et beaucoup de Nouveaux Pays Industrialisés, NPI en sigle, à savoir les dragons, les tigres et les jaguars.
Prenons le cas de la Chine qui domine aujourd’hui le commerce international avec au moins 11 et 12% respectivement pour les importations et exportations. Si la chine continue avec cette gestion rigoureuse de la crise, moins touchée que d’autres géants, elle peut jouer le rôle de tempo pour amortir le choc, mais ce n’est pas évident.
Quel est l’avenir de la RDC pendant cette crise ?
Comme partout dans les pays pauvres, nous pourrions subir davantage avec nos économies extraverties.
Outre le problème général issu du covid-19, la crainte spécifique c’est autour de l’insécurité alimentaire qui risque de s’amplifier avec ses conséquences désastreuses. On peut, par exemple, se poser la question : quel est le niveau de la réserve du pays en maïs, riz, volailles, lait ?
Aussi, les finances publiques risquent encore de souffrir, les recettes peuvent diminuer avec l’effet des perturbations de l’activité économique. Déjà les maigres moyens ne permettent pas au gouvernement de répondre activement aux besoins de l’économie en finançant par exemple les investissements publics qui doivent propulser la croissance par effet de capacité et effet de productivité (crowd in effect) bien que d’autres peuvent contredire en me parlant d’effet d’éviction (crowd out effect).
En conclusion, le réchauffement climatique, l’économie verte, l’économie bleue, le covid-19, la crise russo-ukrainienne,… en interrogeant l’histoire économique, le monde devrait encore s’apprêter à un nouveau paradigme.
Pour rappel, Bile Mbo Cédric est Enseignant-Chercheur en Economie au grade d’Assistant aux établissements d’enseignement supérieur et universitaire au Kongo-central.
Tribune de Bile Mbo Cédric
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